La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Gros Plan

De quoi tenir jusqu’à l’ombre

De quoi tenir jusqu’à l’ombre - Critique sortie Danse Paris Grande Halle de la Villette

Parc de La Villette
L’Oiseau-Mouche / Conception Christian Rizzo

Publié le 1 mars 2013 - N° 207

Le chorégraphe Christian Rizzo signe la dernière création de l’Oiseau-mouche, troupe atypique.

C’est à l’orée du visible, entre fantômes et vanités, présences et disparitions, que Christian Rizzo déploie ses mondes imaginaires. Creusant la surface du réel pour en desceller les infimes possibles ensevelis sous l’habitude, ce créateur polyphonique, passé par le rock, le stylisme et les arts plastiques, suspend les routines du regard et la course du temps. « J’ai envie de rendre visible l’invisible, mais également le visible qu’on a sous les yeux mais qu’on n’arrive pas à regarder. Parfois ce sont des micro-choses, mais elles représentent des modalités de relations essentielles. Aborder ces questions face à des gens qui voient mais aussi des non-voyants nous rétablit tous à l’endroit du sensible, de la sensation. » raconte-t-il. « Le réel est irregardable tel qu’il est. Lorsqu’on marche au milieu d’une foule, on ne regarde pas tout le monde. On passe de l’un à l’autre, on annule des choses, on en transforme d’autres, on réduit les distances, on les élargit. J’ai l’impression que le travail de l’artiste consiste à mettre en vibration ce réel avec le sur-réel du regard, pour assurer une certaine viabilité à la réalité. ».

Comment voit-on ?

En 2010, Christian Rizzo rencontra la troupe de l’Oiseau-Mouche, compagnie fondée voici plus de trente ans, qui regroupe aujourd’hui quelque vingt comédiens professionnels handicapés mentaux et invite des artistes à créer avec eux. Cet échange a révélé le désir de travailler ensemble. « Chacun d’eux a un monde interne qu’il transporte et qui est juste sous la peau, tout près, ce qui est rare. En général, ce monde reste au vestiaire. Chez eux, on sent qu’il est prêt à déborder. ». La création, qui s’inscrit également dans l’action des « Nouveaux Commanditaires » menée par la Fondation de France, devrait en outre être accessible aux spectateurs non-voyants. D’où le questionnement sur ce que l’on voit « réellement » et l’invention d’un procédé d’audio-description original pour cette pièce chorégraphique. Ainsi est né De quoi tenir jusqu’à l’ombre. Cernés par l’obscurité, les cinq acteurs se tiennent aux lisières d’une réalité qui sans cesse se dérobe, dans l’interstice où chacun se défait de son ombre et se fond en pénombre. Là où résonnent aussi les images du passé et les échos les plus intimes.

 

Gwénola David

A propos de l'événement

De quoi tenir jusqu'à l'ombre
du mardi 19 mars 2013 au samedi 30 mars 2013
Grande Halle de la Villette
Porte de Pantin, 75019 Paris

Du 19 au 30 mars 2013, mercredi et vendredi à 20h30, jeudi à 19h30, samedi à 19h, relâche lundi, mardi et dimanche. Tél. : 01 40 03 75 75.
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