Création d’« Antigone » de Dusapin

Depuis La Melancholia, en 1992, Pascal Dusapin développe une forme hybride entre opéra et oratorio, en puisant dans les grands œuvres littéraires, traitées à la manière des textes sacrés. Les affinités du compositeur français avec la mythologie grecque ne sont plus à démontrer. Après Médée et Penthésilée, c’est le destin d’Antigone qu’il met en musique. Comme pour Penthesilea, qui adaptait la pièce de Kleist, il choisit le prisme du Romantisme allemand, en concevant lui-même le livret à partir de la traduction par Hölderlin de la tragédie de Sophocle. La richesse de la palette de Dusapin est une tribune bénie pour un prodige de la baguette comme Klaus Mäkelä. Le directeur musical de l’Orchestre de Paris dirige la création de ce nouvel opus lyrique dans un spectacle réalisé par Netia Jones, qui s’appuie sur les moyens vidéos de Lightmap. La résistance d’Antigone face à l’oppression du pouvoir patriarcal de Créon ne manquera pas d’inspirer la metteuse en scène, qui avait proposé à l’Opéra national de Paris des Noces de Figaro revues à l’aune du féminisme contemporain.

Gilles Charlassier