Variations poétiques autour des Métamorphoses
Autour des Métamorphoses de Richard Strauss, [...]
Laurent Pelly met en scène un Cosi fan tutte habile, avec la complicité d’une savoureuse réalisation musicale.
Transposer la fable morale qu’est Cosi fan tutte dans une crédibilité plus ou moins réaliste est une gageure risquée, que réussit Laurent Pelly dans la nouvelle production du Théâtre des Champs-Élysées. Dans une scénographie dessinée par Chantal Thomas qui s’inspire des studios d’enregistrement de la Maison de la radio de Berlin-Est, construite en ex-RDA après l’édification du Mur, les expériences combinatoires de Don Alfonso pour détromper ses amis sur la versatile inconstance des cœurs prennent l’allure de jeux un peu machiavéliques de quelque imprésario devant mettre en boîte l’opéra de Mozart. La mise en abyme, habilement conduite, s’appuie sur une direction d’acteurs au cordeau, à la fois naturelle et théâtrale, dans la pure veine du metteur en scène français. Sous les lumières oniriques de Joël Adam, entre coulisses et rampe, ces jeux de l’amour et du hasard ne cèdent pas à d’inutiles tentations naturalistes.
Une interprétation chatoyante
Ils sont surtout portés par un plateau qui fait la part belle à la fine fleur du chant français d’aujourd’hui. Vannina Santoni – à laquelle le directeur du théâtre, Michel Franck, remet, à l’issue du spectacle, les insignes de chevalier de l’ordre des arts et des lettres – incarne une Fiordiligi frémissante de sincérité, restituant une évolution des tourments et des résistances complémentaire de la Dorabella mutine de Gaëlle Arquez. Cyrille Dubois affirme un Ferrando léger et précis aux côtés du solide Guglielmo de Florian Sempey, qui ne sacrifie pas les nuances mozartiennes à la carrure de sa voix, parfois encouragée par la vigueur de la fosse. Face à la Despina de Laurène Paterno non avare d’effets dans les travestissements, Laurent Naouri démontre, en Don Alfonso, une intelligence mordante dans les ressources expressives d’un timbre désormais émérite. Quant aux pupitres du Concert d’Astrée, emmenés par Emmanuelle Haïm, ils font chatoyer les émotions distillées par les couleurs d’une orchestration ciselée, enrichie par la délicatesse inventive du continuo de Benoît Hartoin. Un Cosi qui ne manque pas de saveurs !
Gilles Charlassier
À 19h30, le dimanche à 17 heures. Durée : 3h30. Tél : 01 49 52 50 50. Places de 5 à 180 euros.
Reprise au Théâtre de Caen, 135 boulevard Maréchal-Leclerc, 14000 CAEN. Du 29 mars au 2 avril 2022 à 20 heures, le samedi à 18 heures. Tél : 02 31 30 48 00. Places de 10 à 80 euros.
Autour des Métamorphoses de Richard Strauss, [...]