Les récits de Monsieur Kafka d’après Franz Kafka, mise en scène et jeu Sylvie Blotnikas et Julien Rochefort
Grâce à un habile montage de textes qu’ils [...]
Un concours de chansons philosophiques qui rapproche intellos et culture pop, c’est le pari réussi de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre.
Il avait proposé une reconstitution du concours de l’Eurovision 1973, dans 1973, et rejoué le mythique match de football France-Allemagne de 1982 à lui tout seul (Le cauchemar de Séville). Massimo Furlan n’en est pas à sa première idée saugrenue et ce crochet en mode concours de prime time télévisuel, nourri de chansons écrites par des philosophes, historiens et autres sociologues européens n’est pas, tant s’en faut, la moins intéressante. Sur scène, tout y est du show télé. Le couple de présentateurs glamour – Furlan himself en smoking, aux formules hilarantes, accompagné de la grande Claire de Ribaupierre, robe en strass fuselée, dos nu et sourire inaltérable –, le groupe de musiciens live, les panneaux vidéo mobiles, mais aussi les spots multicolores aux effets plus que soulignés, les costumes des interprètes outrageusement kitsch, l’applaudimètre du public et le jury même, composé de quatre quatre universitaires recrutés sur place, en verve ce soir-là à Bordeaux lors du Festival International des Arts.
Une alchimie inédite
C’est gentiment que Furlan et ses comparses moquent ces émissions de concours de chansons qui ont fleuri ces dernières années sur nos écrans. Ce n’est pas là le sujet. Non, le spectacle préfère tenter l’expérience d’investir les codes de la culture pop à coups d’ingrédients inédits : ceux de la langue et de la pensée des chercheurs qui ont été conviés en amont à écrire des chansons philosophiques. A Bordeaux, c’est l’Italie qui l’emporte dans un duo bien balancé qui envoie en couplet « la dialectique ne nous aide pas », « la réalité est un obstacle » ou encore en refrain (en v.o. cette fois) « non basta volere per potere » (il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir). Après chaque chanson, en quatre minutes chrono, les quatre membres du jury décortiquent, expliquent et déploient leurs interprétations personnelles à moitié improvisées sur ce qu’ils viennent de voir et d’entendre, avant d’attribuer leurs notes via des pancartes tout droit sorties de l’Ecole des Fans. C’est un savant dosage auquel sont ainsi parvenus Furlan et Claire de Ribaupierre en concevant ce spectacle. Un dosage comme une alchimie qui tente de réhausser sans abaisser, de casser les codes pour mieux les mélanger, de les mélanger pour mieux les révéler. On entend, parfaitement interprétées, des chansons sur l’Être et le non-Être, le paradoxe de Zénon ou encore une tonitruante interrogation lituanienne : « Est-ce que la plasticité peut remplacer la déconstruction ? ». On y découvre la capacité de la musique à faire chanson de tout, et celle d’une langue de la pensée universitaire, réputée absconse ou réservée aux happy few, à se glisser dans des mélodies grand public. Les préoccupations écologiques, la volonté d’ouvrir de nouveaux possibles y affleurent régulièrement. Et jamais nos intellos, sans qu’on les trahisse, n’auront été si rigolos.
Eric Demey
Les 27 et 28 février à 20h, le 29 à 18h. Tel : 01 41 60 72 72. A Bayonne les 19 et 20 mars. Spectacle vu dans le cadre du FAB, Festival International des Arts de Bordeaux Métropole. Durée : 2H30 environ.
Grâce à un habile montage de textes qu’ils [...]
Alain Fromager, Annie Mercier, Hiroshi Ota et [...]
Dans le sillage de Retour à Reims (qui fut [...]