Olivier Letellier et les Tréteaux de France inventent deux formes immersives et itinérantes : « Mauvaise Pichenette ! » et « F.A.I.L. »
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Librement inspirée d’un fait divers, la pièce Ce que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier raconte en une grande phrase poétique la violence dont est victime un homme sans défense, en marge de la société. Sophie Langevin met en scène ce monologue dans lequel elle voit une grande source d’humanité pour un monde qui en manque.
« La création de Ce que j’appelle oubli s’inscrit dans le fort désir de langue poétique et politique que je défends au sein de ma compagnie Junctio depuis sa naissance en 2011, avec la création de La Nuit juste avant les forêts. Ce texte de Laurent Mauvignier n’est d’ailleurs pas sans rapport avec celui de Bernard-Marie Koltès : tous les deux sont des monologues écrits comme de longues phrases à la fois poétiques et concrètes, qui mettent en scène des figures marginales. La grande puissance, le souffle de vie que j’ai ressentis à la lecture de cette pièce m’a d’emblée donné envie de la monter. L’auteur réussit à porter un message d’humanité en racontant une histoire d’une grande violence, inspirée d’un fait réel qui s’est produit à Lyon en 2009 : celle d’un homme assassiné par les vigiles d’un supermarché pour y avoir bu une canette de bière ouverte sur place. Un narrateur incarné par le comédien Luc Schiltz, dont on comprend peu à peu qu’il a connu la victime, qu’il a été son ami, s’adresse au frère de celui-ci. Autrement dit il s’adresse au public, à nous qui sommes pleinement immergés dans cette parole qui s’élève contre l’oubli.
Des mots sur la marge
La parole se déploie au moment où le meurtre se produit, mais de nombreux retours dans le passé nous donne à connaître la vie de la victime. Une vie invisible, effacée par la société, qui comme beaucoup d’autres aurait fini sans laisser de traces si ce narrateur n’avait pris la responsabilité d’en faire le récit. Loin d’être complaisante, sa parole fait une place à notre ambivalence face à la misère, à l’envie que l’on a souvent de ne pas la regarder, notamment par peur d’en être un jour soi-même victime. Pour ancrer dans l’espace cette écriture que j’approche comme une partition, j’ai opté pour une scénographie assez abstraite, très sombre, où deux rideaux de boucher font écho aux origines de l’assassiné, dont les parents étaient bouchers. En disant avec une langue splendide la manière dont la haine et la frustration nous séparent de plus en plus, Laurent Mauvignier nous offre un antidote possible. Il nous met sur la voie d’une transformation, d’une réparation. »
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 11h45, relâche les 11 et 18 juillet.
Tel : 04 84 51 20 10.
Durée : 1h15.
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