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Avignon / 2019 - Entretien / Michel Raskine

Blanche-Neige, histoire d’un prince de Marie Dilasser, mis en scène par Michel Raskine

Blanche-Neige, histoire d’un prince de Marie Dilasser, mis en scène par Michel Raskine - Critique sortie Avignon / 2019 Avignon Festival d’Avignon. Chapelle des Pénitents Blancs
© Venkat Damara Michel Raskine

Entretien Michel Raskine
Chapelle des Pénitents Blancs / texte de Marie Dilasser / mes Michel Raskine / à partir de 8 ans

Publié le 23 juin 2019 - N° 278

Comment raconter l’histoire de Blanche-Neige aujourd’hui ? Pour répondre à cette question, Michel Raskine a fait appel à l’auteure Marie Dilasser. Variation autour du conte de Grimm, Blanche-Neige, histoire d’un prince déjoue toutes les attentes du genre.

Vous avez créé plusieurs spectacles en direction du jeune public – ou « tout public », pour reprendre vos termes –, mais c’est la première fois que vous mettez en scène un conte. Pourquoi aujourd’hui ?

Michel Raskine : On n’en finit jamais avec le conte. J’ai toujours pensé qu’il était une matrice géniale, qu’avec le théâtre de Shakespeare et la mythologie grecque, il était parmi les sources majeures de l’écriture théâtrale. Si je n’avais en effet jamais jusque-là mis en scène de contes à proprement parler, il me semble que je fraie depuis longtemps avec ce genre. Il y a plus de dix ans par exemple, j’ai monté Barbe-bleue, l’espoir des femmes de Dea Loher. Une fable très librement inspirée du conte de Perrault.

Pour avoir mis en scène trois de ses textes, vous êtes familier de l’écriture de Marie Dilasser. Qu’y-a-t-il en elle qui vous ait donné l’idée d’une commande autour de Blanche-Neige ?

M.R. : Quand j’ai découvert l’écriture de Marie, il y a 15 ans environ alors qu’elle était à l’ENSATT, j’ai tout de suite été séduit par son monde très politique, très social, par son goût pour la farce qui la place selon moi dans la filiation de Copi ou de Jarry. C’est ce que je voulais pour aborder Blanche-Neige.

« J’ai voulu éviter tous les stéréotypes liés à la fois au conte et au spectacle jeune public. »

Vous avez choisi de mettre en avant la figure du prince, secondaire chez Grimm. Pourquoi ?

M.R. : J’ai voulu éviter tous les stéréotypes liés à la fois au conte et au spectacle jeune public. L’idée d’une inversion des genres est pour cela venue très vite. En faisant jouer Blanche-Neige de Souillon par des hommes (Tibor Ockenfels et le technicien Alexandre Bazan), et le Prince par une femme (Marief Guittier), je crée d’emblée un décalage par rapport au magnifique conte d’origine – et au dessin animé de Walt Disney, sans doute hélas plus connu. Mettre au premier plan le prince, ou plutôt le couple en pleine déréliction qu’il forme avec Blanche-Neige, a la même fonction.

Ce décalage sera-t-il porté plutôt par le texte, ou par le corps ?

M.R. : J’ai recherché un équilibre entre la langue très singulière de Marie Dilasser et un univers visuel qui doit beaucoup, entre autres, à May B de Maguy Marin et à la peinture d’Egon Schiele. Sans oublier Claire Dancoisne du Théâtre de la Licorne, où ont été fabriqués les nombreux objets du spectacle. L’ingrédient principal de ce mélange a été l’amusement. C’est ce que nous voulons partager avec les spectateurs.

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Blanche-Neige, histoire d’un prince de Marie Dilasser, mis en scène par Michel Raskine
du samedi 6 juillet 2019 au vendredi 12 juillet 2019
Festival d’Avignon. Chapelle des Pénitents Blancs
Place de la Principale, 84000 Avignon

relâche le 9. Tél : 04 90 14 14 14.

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