Comme disait mon père / Ma mère ne disait rien de Jean Lambert-wild, mis en scène de Michel Bruzat
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Avignon / 2019 - Entretien / Madeleine Bongard
Performance pluridisciplinaire autour des paroles de Marguerite Duras, Be my Marguerite, spectacle conçu par Madeleine Bongard, se centre sur l’amour et l’humour portés par l’autrice.
Quel est le dispositif de Be my Marguerite ?
Madeleine Bongard : C’est une histoire fictionnelle construite à partir de propos que Marguerite Duras a réellement tenus, à travers des documentaires, des interviews, des écrits personnels. L’idée n’est pas de faire entendre l’écriture de Marguerite Duras, mais plutôt de montrer comment ses propos tenus ici et là racontent quelque chose d’universel. De dévoiler que les ressentis peuvent être les mêmes, peu importe l’époque ou le sexe, et qu’on a finalement bien plus de capacités à se comprendre qu’on ne le croit.
Pourquoi avoir choisi de suivre la pensée de Marguerite Duras ?
M.B. : Pour moi, cette femme a passé sa vie à croire en l’amour, à en avoir une perception fine, intérieure, émotionnelle, qu’elle exprimait dans une pensée singulière. Elle a toujours connu le monde à partir de la manière dont celui-ci vient se cogner à l’intérieur d’elle-même. Dans ses interviews, dans les documentaires, on s’aperçoit aussi que cette femme, qui était souvent considérée comme quelqu’un de très sérieux, était en réalité pleine d’humour. Et pour moi, l’humour est ce petit recul auquel le projet invite. Une énergie se libère alors, qui permet de retrouver une forme de légèreté, de rentrer dans la joie.
Comment cela se traduira-t-il sur scène ?
M.B. : Les mots mais aussi les corps racontent une histoire, la danse prend le relais quand les mots n’ont plus besoin d’être là. De la musique électro avec une création sonore vient bousculer les pensées de Marguerite. Il y a aussi du piano classique, comme un espoir qu’on saura toujours où aller. La scénographie a été réalisée par une artiste plasticienne, qui a créé des bustes en papier de soie qui serviront d’écrans de projections vidéo, comme un moyen de pénétrer la psyché du personnage.
Pourquoi avoir choisi un dispositif pluridisciplinaire ?
M.B. : J’avais envie de travailler avec des gens dont j’admire les qualités humaines et artistiques, de faire résonner différentes sensibilités et perceptions, toutes stimulées par l’envie de raconter la même histoire. Toute sa vie, et dans son œuvre même, Duras a ressassé les mêmes souvenirs. Elle a raconté les événements forts avec sa mère, la mort de son petit frère, les relations amoureuses dans lesquelles elle s’est sentie maltraitée. Ce travail vise à questionner les traces que le passé laisse en nous. Bien qu’éphémère, une performance laisse aussi des traces en nous, à travers la mémoire, le ressenti. Il s’agit de créer une sorte de rituel de libération de ces traces, qui permette à chacun d’être prêt à créer de nouveaux souvenirs.
Propos recueillis par Eric Demey
à 22h20. Relâche du 10 au 13 juillet. Tel. : 04 90 86 17 12.
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