Festival Impatience : une 17e édition où la jeunesse met en lumière les combats majeurs de notre époque
Pour sa 17ème édition, le Festival Impatience [...]
Artisan d’un théâtre singulier et touchant où réel et fiction nouent un fécond dialogue, l’auteur et metteur en scène Ahmed Madani reprend Au non du père. Héroïne chaleureuse, Anissa y part à la recherche de son père inconnu, au fil d’une extraordinaire quête, infiniment touchante.
Qui est Anissa, l’héroïne de Au non du père ?
Ahmed Madani : Anissa est l’une des jeunes femmes issues des quartiers populaires qui ont participé à Flamme(s), second volet d’une trilogie éclairant leurs identités plurielles, leurs fragilités mais aussi leur force. Je me suis rendu compte qu’elle ne me parlait jamais de son père. Elle m’a confié avoir beaucoup souffert de son absence dans son enfance et au-delà, avant de retrouver sa trace de manière rocambolesque, lors de circonstances si incroyables qu’elles m’ont convaincu de porter son aventure à la scène. Avant d’arriver jusqu’au plateau, son récit a provoqué un voyage lointain : Anissa et moi sommes partis ensemble à la recherche de son père boulanger, qui vivait aux États-Unis dans le fin fond du New Hampshire. Je ne suis pas simplement un metteur en scène, je suis un compagnon de route ! Elle a accepté à ma demande d’être filmée pendant tout le périple, et, à sa demande, je l’accompagne sur scène lors du spectacle. Cette plongée dans l’intimité la plus profonde d’une personne, qui accepte d’en rendre compte face au public, a fait naître une forme de théâtre singulière, qui s’inspire du matériau brut de la vie, mais qui ouvre largement l’imaginaire, et met à nu un infini champ de possibles.
De quelle manière habitez-vous la scène ?
A.M. : Anissa accueille le public dans sa pièce préférée, la cuisine. Elle les accueille dans son cœur, avec l’humour et le sens de la répartie qui la caractérisent. C’est comme si le public partageait avec elle un moment de vie chaleureux, d’autant plus spécial que pendant la représentation elle prépare des fondants au chocolat et des pralines. On pourrait presque dire que les côtés amers de l’histoire se dissipent dans la douceur des parfums, faisant de la cuisine un art de la consolation, une métaphore de la résilience qui aide à surmonter les peines. Quant à moi, je suis un observateur impliqué, un commentateur dont le point de vue amène à une forme de catharsis, de compréhension de l’épopée. Parfois le public a son mot à dire, il est convié à s’exprimer, à choisir telle ou telle hypothèse, et cela perturbe la relation usuelle qu’installe le théâtre avec ceux qui le regarde.
Quel rapport au réel souhaitez-vous développer à travers cette histoire de filiation ?
A.M. : L’ambiguïté entre réel et fiction est un moteur narratif, et j’essaie d’emmener le spectateur le plus loin possible dans ses interrogations sur la question de la vérité, qui demeure en suspens. Dans cette forme originale de théâtre documenté que nous mettons en place, tout est vrai mais rien n’est réel ! Comme dans un roman policier, notre enquête connaît des rebondissements, distille des doutes, fait apparaître des fausses pistes… Je passe énormément de temps à ciseler l’écriture, pour que la personne qui incarne le texte se reconnaisse pleinement, mais aussi pour que le texte sublime son histoire, mette en évidence une forme de grandeur qu’elle ignore.
Y a-t-il une morale à cette histoire ?
A.M. : Ce drame familial résonne fortement, pour nous tous, y compris pour moi. La naissance, la mort, les blessures, l’abandon : tout cela concerne n’importe quelle histoire familiale, des gens de tous horizons, de tous âges, de tous milieux… L’histoire d’Anissa invite à penser qu’il faut savoir saisir sa chance à l’instant où elle se présente. Soyons acteurs de nos vies, ne subissons pas, agissons : voilà ce que la pièce raconte. Le théâtre réveille et révèle chez chacun quelque chose d’une force héroïque, triomphante. Anissa n’est pas une victime mais une combattante. Elle nourrit le public émotionnellement et intellectuellement. En sortant de la représentation, les gens ont l’impression d’emporter quelque chose avec eux…
Propos recueillis par Agnès Santi
en décembre : mardi à 16h, du mercredi au vendredi à 19h ; en janvier : jeudi et vendredi à 21h15, samedi à 19h et dimanche à 15h ; en février : du jeudi au samedi à 19h, dimanche à 15h. Tél : 01 48 06 72 34. Durée : 1h30. Puis tournée.
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