Les Fourberies de Scapin
Dans un décor maritime autorisant toutes [...]
Après Je disparais en 2011 et Tage unter (Jours souterrains) en 2012, Stéphane Braunschweig crée Rien de moi, d’Arne Lygre. L’auteur norvégien répond à nos questions.
Comment est né votre désir d’écriture ?
Arne Lygre : Je ne me souviens plus très bien. Ce que je sais, c’est que dès le début de mon adolescence, je me suis passionné pour la lecture. Je fantasmais sur l’idée d’écrire un roman. Plus tard, j’ai continué à penser à l’écriture, mais cela me semblait une chose inatteignable. Puis, je me suis engagé sur la voie du théâtre, essayant de devenir acteur. J’ai vite réalisé que je n’étais pas fait pour cela. A l’âge de 25 ans, j’ai donc pris la décision de me mettre à écrire. Toutes mes idées étant liées au théâtre et à la scène, j’ai commencé par une pièce.
De quelle façon écrivez-vous ?
A. L. : Chaque pièce que j’ai écrite m’a pris beaucoup de temps. Je pars souvent d’une idée assez succincte : l’intuition d’une personne, d’un lieu, qui prend corps par la suite. Après, tout tourne autour de la langue, du texte lui-même, des phrases que je réussis à coucher sur le papier. Je ne travaille pas en respectant un plan préétabli. J’essaie, au contraire, de suivre l’histoire comme elle vient, à partir des impulsions d’écriture et des choix que je fais au fur et à mesure de mon travail. Dans le même temps, j’essaie de trouver une structure intéressante, qui permette de mettre en valeur le thème et la tonalité de la pièce.
« Je m’intéresse beaucoup à la forme. Une idée de pièce, pour moi, ne se résume jamais seulement à une histoire, ou à une question… »
Comment est né Rien de moi ?
A. L. : La première idée m’est venue alors que je venais de finir Je disparais. C’était une chose en rapport avec la dernière scène de cette pièce – avec sa forme, les possibilités théâtrales qu’elle sous-tendait – où un homme et une femme qui ne se connaissent pas aussi bien qu’on pourrait le penser, essayent de se lier à travers les mots qu’ils utilisent l’un avec l’autre. J’ai soudain eu envie d’écrire une autre pièce à partir de cette situation. Après un certain temps, l’image d’une femme et d’un homme un peu plus jeune qu’elle, dans un petit appartement, m’est apparue. Une femme et un homme qui se sont rencontrés, peu avant cela, dans un bar, et s’apprêtent à construire une nouvelle vie ensemble. Rien de moi se compose principalement d’un dialogue entre ces deux individus mais, au milieu de la pièce, une autre personne intervient. Cette personne représente d’abord la mère de l’homme, et par la suite d’autres personnages appartenant au passé du couple…
Quel type d’auteur pensez-vous être ?
A. L. : Ce que je peux dire, c’est que lorsque j’écris, je m’intéresse beaucoup à la forme. Une idée de pièce, pour moi, ne se résume jamais seulement à une histoire, ou à une question, elle doit m’amener à faire avancer ma propre forme littéraire. Dans Rien de moi, je fais le pari qu’après avoir vu une personne représenter la mère d’un homme, si les répliques indiquent clairement que cette personne est devenue quelqu’un de totalement différent – un jeune fils, par exemple – cette nouvelle réalité sera admise par l’esprit des spectateurs. Cela, même si l’interprète qui joue le personnage ne correspond pas du tout, physiquement, à un jeune garçon. Je crois au pouvoir du mot au théâtre, au pouvoir spécifique du mot qui sort de la bouche d’un acteur. C’est ce pouvoir qui fait que ce que l’on entend l’emporte sur ce que l’on voit.
Entretien réalisé et traduit de l’anglais par Manuel Piolat Soleymat
Petit Théâtre. Du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h, le dimanche à 16h. Tél. : 01 44 62 52 52. www.colline.fr
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