En adaptant « Gratte-Ciel » de Sonia Chiambretto, Hubert Colas raconte l’histoire contemporaine de l’Algérie dans «Superstructure»
Sous la direction d’Hubert Colas, Ahmed [...]
Plongée dans l’univers abstrait et esthétisant imaginé par la metteuse en scène Alix Riemer, Marie Kauffmann interprète Le Papier peint jaune au Théâtre Silvia Monfort. Une performance d’actrice singulière, qui retient l’attention, tout en nous laissant à l’extérieur de la nouvelle écrite en 1892 par l’écrivaine américaine Charlotte Perkins Gilman.
C’est un texte devenu mythique outre-Atlantique (notamment grâce aux cercles féministes américains des années 1970 qui l’ont remis en lumière après des décennies d’oubli), mais largement méconnu en France. Pour la première fois publié en 1892, au sein de la revue littéraire The New England Magazine, Le Papier peint jaune (The Yellow Wall-paper) est un récit à la première personne qui relate l’existence d’une femme contrainte au repos forcé pour tenter de soigner sa dépression postnatale. Enfermée dans une grande maison bourgeoise louée pour quelques semaines d’été par son mari médecin, la narratrice de ce court texte (double de l’autrice Charlotte Perkins Gilman — née en 1860, disparue en 1935 — qui dut elle-même subir une thérapie du repos après la naissance de sa fille) se confie à son journal intime, activité pourtant proscrite par le cadre de sa cure. Elle couche ainsi clandestinement ses pensées et ses ressentis par écrit, ainsi que les visions hallucinatoires qui peu à peu l’envahissent. Ces débordements irrationnels, virant à l’obsession, sont nourris par l’aversion qu’elle éprouve pour le vieux papier peint jaune qui tapisse les murs de sa chambre.
Les errances mentales d’une femme qu’on isole
« Et ce papier peint qui me regarde comme s’il savait quelle sournoise influence il exerce sur moi !, s’indigne la jeune femme. Il y a un motif dans le motif, qui revient çà et là : il évoque un cou brisé et deux yeux globuleux qui vous fixent, à l’envers » (la nouvelle traduction, commandée par Alix Riemer, est de Dorothée Zumstein). Lors d’un prologue introductif teinté d’ironie, Marie Kauffmann (en alternance avec la metteuse en scène) éclaire brièvement l’œuvre et l’existence de Charlotte Perkins Gilman. Puis la comédienne prend place sur une chaise disposée au centre d’une scénographie sans autres éléments de décor. Assise ou arpentant l’espace de jeu, elle colore les tourments de l’enfermement en parant le texte de nombreuses ruptures, de nombreux sursauts rythmiques et musicaux. Des à-plats jaunes, bleus, orangés s’enchaînent et s’intensifient pour créer des tableaux visuels certes beaux, mais d’une puissance restreinte. Quelque chose de la profondeur à la fois quotidienne et fantastique qui saisit lorsqu’on lit Le Papier peint jaune est absent de cette proposition à l’élégance distanciée. La performance de Marie Kauffmann — précise, habitée — est toutefois loin de laisser indifférent. Mais au final, elle donne l’impression de survoler, sans vraiment y plonger les mains, les accents vifs de l’univers littéraire féministe dont elle nous ouvre la porte.
Manuel Piolat Soleymat
Du mercredi au samedi à 19h30.
Durée : 1h10.
Tél. : 01 56 08 33 88.
www.theatresilviamonfort.eu
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