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C’est l’unique pièce de Claude Simon, écrivain emblématique du Nouveau Roman à qui fut décerné le Prix Nobel de littérature en 1985. La Séparation place face à face, au sein de salles de bain contigues, deux couples en crise. Sous la direction du metteur en scène Alain Françon, Léa Drucker, Catherine Ferran, Pierre-François Garel, Catherine Hiegel et Alain Libolt donnent corps à ce huis clos tragicomique.
Quelle a été votre première impression lorsque vous avez découvert La Séparation ?
Alain Françon : J’ai été très intéressé par la complexité de cette pièce. Car on pourrait dire que sa trame est boulevardière, mais elle nous plonge, en même temps, dans l’écriture géniale de Claude Simon. La Séparation s’inspire de L’Herbe, un roman absolument magnifique. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une adaptation. Claude Simon a repris les thématiques de L’Herbe pour en faire une pièce.
De quelle séparation est-il ici question ?
AF.: Le titre est polysémique. Il y a, bien sûr, le mur qui sépare les salles de bain dans lesquelles se trouvent, d’un côté les parents, de l’autre côté le fils et son épouse. Ce qui est magnifique, c’est l’idée de la simultanéité. Certaines scènes se passent dans les deux salles de bain, de manière concomitante. Ce qui est également passionnant, c’est que lorsque la jeune femme se regarde dans son miroir, elle fait face au visage de sa belle-mère, un peu comme si elle était projetée dans sa propre vieillesse. Et puis, il y a le jeune couple, qui est en train de se séparer. Il y a aussi la séparation entre les vivants et les morts, puisque le temps de la pièce est celui de l’agonie d’une vieille tante. Enfin, il y a la séparation de chacun par rapport à soi-même. Car ces personnages sont-ils vraiment en vie ou simplement des survivants ? Peut-être sont-ils d’ailleurs déjà morts…
Retrouve-t-on le style des romans de Claude Simon dans cette pièce ?
AF.: Absolument. Il y a, dans La Séparation, cette chose très belle qui existe dans toutes les œuvres de Claude Simon : la confiance que l’écrivain faisait à la description plutôt qu’à la narration. En fait, raconter une histoire, ce n’était pas son problème. Claude Simon considérait que le littérature politique résidait dans la description. La Séparation est comme une suite de sensations. Et puis, la langue est sublime…
Comment pourriez-vous caractériser cette langue ?
AF.: C’est une langue quasiment dénuée de ponctuation et profondément musicale, une langue qui est colorée, comme les peintures de Claude Simon, car il ne faut pas oublier qu’il était aussi peintre. On a l’impression que cette écriture n’est pas le fruit d’une volonté, qu’elle avance sans dessein, un peu comme si les phrases s’enchaînaient en faisant émerger des sensations. Ces blocs d’intensité, souvent issus du passé, se réancrent à l’intérieur de ce que l’écriture est en train d’énoncer ou de fabriquer.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Du mercredi au vendredi à 20h, le samedi à 20h30, le dimanche à 16h. Tél. : 01 42 96 92 32. www.bouffesparisiens.com
Également du 15 au 17 janvier 2026 au Théâtre Montansier à Versailles.
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