La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien /Avignon Off 2021

À Vie d’après Klaus Antes et Christiane Erhardt, mise en scène de Sébastien Bournac

À Vie d’après Klaus Antes et Christiane Erhardt, mise en scène de Sébastien Bournac - Critique sortie Théâtre Avignon Théâtre du Train Bleu
Le metteur en scène Sébastien Bournac © François Passerini

Théâtre du Train Bleu / d’après Klaus Antes et Christiane Erhardt / mes Sébastien Bournac

Publié le 21 mai 2021 - N° 290

En 2016, Sébastien Bournac mettait en scène J’espère qu’on se souviendra de moi*, création inspirée d’un ouvrage écrit par deux psycho-sociologues allemands dans les années 1970. Aujourd’hui, le directeur du Théâtre Sorano de Toulouse présente A vie, une nouvelle adaptation de cette étude conçue, cette fois-ci, comme un reportage judiciaire en forme d’interview.

Comment est née, en 2016, l’idée de créer J’espère qu’on se souviendra de moi ?

Sébastien Bournac : D’un film de Rainer Werner Fassbinder, Je veux seulement que vous m’aimiez, pour lequel le cinéaste s’était inspiré du témoignage fascinant de Peter Jörnschmidt, un jeune homme condamné à perpétuité pour meurtre. J’avais eu envie de m’emparer de cette histoire en convoquant sur scène les principaux personnages – le meurtrier, son père, sa mère, sa femme, son employeur, un témoin – afin qu’ils prennent tour à tour la parole pour dire comment cet acte terrible les avait blessés, remués, changés.

« Une métaphore très éclairante pour notre époque au bord de la catastrophe… »

Pourquoi un autre spectacle à partir de cette histoire?

S. B. : En travaillant à partir du film de Fassbinder, je m’étais procuré le texte du récit originel qui avait été publié dans un ouvrage allemand de psycho-sociologie. J’ai eu envie de revenir au fait divers originel ainsi qu’à la parole obsessionnelle de Peter Jörnschmidt. La puissance de son témoignage, entre confession intime et documentaire, tient de sa quasi-banalité. Mais il dépasse de beaucoup l’anecdote. Ce témoignage est une métaphore très éclairante pour notre époque au bord de la catastrophe, une injonction à changer de vie. Pour ce nouveau spectacle, j’ai imaginé un espace épuré – comme un studio d’enregistrement avec micro, caméra et un kaléidoscope d’écrans de télé – au sein duquel un acteur parcourt les méandres de la parole brute du meurtrier, comme il parcourt les chemins obscurs qui ont déterminé sa vie. C’est un spectacle faussement simple qui laisse beaucoup de liberté au public pour recevoir intimement le récit.

Pourquoi avoir choisi François-Xavier Borrel pour l’interpréter ?

S. B. : Je collabore avec François-Xavier depuis bientôt dix ans dans une précieuse complicité. Il y a chez lui quelque chose d’assez atypique et un jeu peu conventionnel : une fougueuse liberté et aussi beaucoup de naïveté, d’enfance. J’aime la sensibilité qu’il apporte à la partition : elle déjoue tous les clichés que nous pourrions avoir de la figure du meurtrier, renforce l’énigme, le caractère incompréhensible de l’acte commis. Nous sommes tous des meurtriers en puissance !

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

* Texte issu d’une commande à l’auteur Jean-Marie Piemme.

A propos de l'événement

À Vie d'après Klaus Antes et Christiane Erhardt, mise en scène de Sébastien Bournac
du mercredi 7 juillet 2021 au lundi 26 juillet 2021
Théâtre du Train Bleu
40 rue Paul Sain, 84000 Avignon

à 10h. Relâche les 13 et 20 juillet. Tél : 04 90 82 39 06. Durée 1h05.

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