Le Sacre du Printemps
Romeo Castellucci présente un Sacre du [...]
Au Théâtre du Rond-Point, André Dussollier nous invite à la traversée théâtrale de Novecento, monologue musical et maritime de l’écrivain italien Alessandro Baricco. Mais le navire reste à quai.
C’était un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Depuis le jour où il a découvert Novecento : pianiste, lors de la publication du texte d’Alessandro Baricco dans les années 1990*. Immédiatement séduit par cette échappée musicale et maritime qu’il considère comme un véritable voyage, André Dussollier a proposé à Jean-Michel Ribes (qui n’était, à l’époque, pas encore directeur du Théâtre du Rond-Point) de mettre en scène la création de ce monologue théâtral. Le projet ne voit pas le jour. Une quinzaine d’années plus tard, c’est le comédien lui-même qui signe la mise en scène (en collaboration avec Pierre-François Limbosch) du spectacle présenté sur le grand plateau du Théâtre du Rond-point. La boucle est bouclée. Accompagné de quatre musiciens (Elio Di Tanna au piano, Sylvain Gontard à la trompette, Michel Bocchi aux percussions et Olivier Andrès à la contrebasse), André Dussollier se lance avec une fougue vibrionnante dans l’histoire de Novecento, un pianiste né sur un bateau…
L’histoire d’un pianiste né sur un bateau
Mais, parfois, l’énergie et l’enthousiasme ne suffisent pas à faire exister, sur scène, une écriture et ses personnages. C’est le constat auquel on arrive après avoir assisté à une représentation surchargée d’effets, d’intentions et de clins d’œil. Car André Dussollier ne laisse que peu de place aux creux, aux silences, étouffant par excès de démonstration la sensibilité qui pourrait surgir du texte. Ce spectacle prend ainsi instantanément des airs de cavalcade. Une cavalcade certes joviale, sans aucun doute généreuse, mais qui confine au numéro d’acteur. Dans ce monologue que l’auteur a destiné au théâtre, un trompettiste venu travailler sur un paquebot fait la rencontre d’un homme étrange, un pianiste qui a grandi sur ce bateau de croisière et ne l’a jamais quitté. C’est cette destinée singulière, aux accents fantastiques, cette personnalité au charme obscur et mystérieux qu’Alessandro Baricco place au centre de Novecento : pianiste. Une personnalité ici reléguée en arrière-plan, qui s’efface au profit des élans d’un comédien voulant trop en faire.
Manuel Piolat Soleymat
* Initialement publié par les éditions Mille et une nuits, dans une traduction de Françoise Brun, le texte est aujourd’hui disponible chez Gallimard / Folio.
Du 12 novembre au 6 décembre 2014 à 18h30 ; du 11 décembre 2014 au 10 janvier 2015 à 21h, le dimanche à 18h30 ; le 31 décembre à 18h30. Relâches les lundis, le 16 novembre, les 7, 9, 10, 25 décembre et le 1er janvier. Durée : 1h15. Tél. : 01 44 95 98 21.
Romeo Castellucci présente un Sacre du [...]