La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

D’indicibles violences

D’indicibles violences - Critique sortie Danse Paris Maison des pratiques artistiques amateurs Saint-Germain
Crédit : Laurent Philippe Légende D’indicibles violences de Claude Brumachon

Maison des pratiques artistiques amateur / Chor. Claude Brumachon

Publié le 22 février 2017 - N° 252

D’Indicibles violences est une pièce clef de Claude Brumachon. Elle signe son retour à une écriture chorégraphique aussi dessinée qu’épurée. Seule la gestuelle assure la progression dramatique d’une humanité en marche.

C’est un peuple de la nuit qui apparaît. Les lumières nimbent faiblement des corps surgis d’un néant archaïque qui plonge aux sources de l’humanité. Ils s’arrachent à l’obscurité comme on sortirait d’un ventre, ou d’une chrysalide pour se livrer à un rituel primitif, de nous oublié depuis longtemps. Claude Brumachon fait mouvoir les corps à travers un chemin sauvage, très loin des mouvements stéréotypés de la danse contemporaine. Son langage ne s’arrête à aucune forme mais ne fait que la suggérer par une danse incessante, l’élargissant à un spectacle plus vaste dont toutes les parties sont gouvernées par des rapports organiques d’une sensualité diffuse. Tout en sursauts, en impatiences dans les membres, D’Indicibles violences dévoile comment l’âme s’unit à ces troncs noueux, par des portés intrigants, des agrégations de corps qui jamais ne font masse mais s’accordent en impulsions contraires, en emboîtements qui font surgir un bestiaire inédit. Les deux bras se forment de quatre parties, les cuisses avec les jambes, le ventre avec le buste deviennent des membres jamais vus et figurent de nouvelles gorgones ou de nouveaux mystères.

Une œuvre picturale

Il y a toute une statuaire dans ces corps qui se tordent ou s’affaissent, dans cette musculosité portée par huit danseurs ou créatures hybrides, qui nous révèlent ce qui nous manquait d’ailes et de nageoires. Les visages oblitérés par l’ombre, leur étrangeté tout animale nous dévoile une mante religieuse en train de s’arracher graduellement de son enveloppe, des vols d’oiseaux, des silences de tigres, de soudaines fulgurations et des suspensions imprévisibles. La violence, fugace, passe presque inaperçue comme souvent dans la vie. Marchant en peuple inépuisable, haletants, défaillants, exténués, les danseurs font jaillir un événement abrupt qui s’appelle existence, avec sa part d’ombre et de folie.

 

Agnès Izrine

A propos de l'événement

D’indicibles violences
du mercredi 15 mars 2017 au jeudi 16 mars 2017
Maison des pratiques artistiques amateurs Saint-Germain
4 Rue Félibien, 75006 Paris-6E-Arrondissement, France

Tél. : 01 46 34 68 58. Les 15 et 16 mars à 20h00. Durée : 1h00. Spectacle vu à la création le 11 septembre 2012 au Festival Le Temps d’Aimer, Biarritz.

x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur la Danse

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur la Danse