L’opéra dans tous ses états
Après un beau succès en 2013, retour de la [...]
Avignon / 2014 - Entretien Brahim Bouchelaghem
Le chorégraphe roubaisien présente sa dernière création, pour six interprètes.
« « Comment arrivez-vous à manger l’espace ? », m’a demandé un jour une spectatrice londonienne. Je me suis d’abord demandé si je comprenais la question ! Puis j’ai réalisé qu’en effet, je cherchais toujours à faire voyager les énergies dans l’espace scénique – et j’ai voulu explorer cela avec un groupe. Je suis parti de l’émotion que j’ai toujours eue face aux tapis de danse : dans un studio, on peut voir, au sol, les traces laissées par les danseurs précédents. On se demande ce qu’était cette danse : sur une trace circulaire, on croit deviner qu’un b-boy a fait une coupole ; on imagine un tour sur une main, sur un pied… Les tapis sont ainsi devenus le cœur de la scénographie de Sillons : l’éclairagiste a réalisé une maquette dans laquelle j’ai composé une scénographie qui nous fait sortir du plan horizontal. Les huit tapis se tordent, s’enroulent, se dressent, pour dessiner un autre espace de jeu.
Transmettre la poésie d’une gestuelle
Les cinq danseurs avec lesquels je partage le plateau viennent d’esthétiques variées – hip-hop et/ou contemporain –, avec des expériences de la scène très diverses. Je n’ai pas fait d’audition : j’ai choisi des danseurs que je connaissais depuis longtemps, ou qui m’ont tellement surpris (à l’occasion de battles notamment), que je voulais absolument qu’ils dansent avec moi ! L’enjeu, sur cette création, était aussi de leur transmettre, plus que dans ma dernière pièce de groupe, ma propre gestuelle, ma recherche corporelle. Cela passe, entre autres, par la lenteur : en hip-hop, on est habitué aux mouvements rapides. Or la lenteur peut être virtuose aussi, et permettre au public d’entrer dans la danse, de la découvrir de façon subtile. Il y a aussi mon travail sur les bras et les mains, très lié à l’univers de Carolyn Carlson, que j’ai beaucoup regardée danser quand j’étais en résidence au CCN de Roubaix… Je voudrais inviter les spectateurs à voyager dans toutes ces traces, ces lignes de vie, dans l’espace de la scène et dans l’espace du corps. »
Propos recueillis par Marie Chavanieux
Avignon Off. Les Hivernales. CDC - Les Hivernales, 18 rue Guillaume Puy. Du 10 au 20 juillet à 19h30, relâche le 15. Tél. : 04 90 82 33 12.
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