Les Romanesques d’Edmond Rostand, mis en scène par Marion Bierry
Marion Bierry adapte et met en scène le [...]
Avignon / 2019 - Entretien / Charles Berling
Charles Berling met en scène l’adaptation théâtrale du film de Godard. Hélène Alexandridis, Pauline Cheviller, Sébastien Depommier et Grégoire Léauté font résonner de nos jours le destin magnifique et tragique de Nana, qui veut « vivre sa vie ».
Que raconte Vivre sa vie ?
C.B. : On peut le résumer en une phrase. Une jeune femme qui veut être actrice se trouve dans la nécessité de se prostituer et meurt victime de la guerre entre deux maquereaux. C’est l’histoire d’une jeune femme anéantie. Simone Weil, dans un texte à la fin de la pièce, interroge le statut de la force dans L’Iliade et la définit comme ce qui peut broyer et annihiler la grâce. Nana, belle et libre, est ainsi broyée. C’est exactement ce que montre Godard et qu’interprète Anna Karina dans le film. Vivre sa vie est d’abord l’histoire très forte d’un destin broyé : entre le détachement de l’humour et une profonde tragédie – un entremêlement qui m’intéresse beaucoup – et en douze tableaux très abrupts, ce qui en fait l’inverse d’un mélo.
Vous actualisez le film. L’actualité du cinéma le commande-t-elle ?
C.B. : Références à l’actualité mises à part, il est évident que les jeunes gens sont de plus en plus considérés comme des marchandises. A l’intérieur de ce consumérisme, les femmes sont traitées comme telles, et les jeunes femmes, n’en parlons pas ! Les jeunes actrices et acteurs sont confrontés à une relation que je trouve détestable. Nana rêvant d’être actrice, on peut interroger la nature du regard porté sur les actrices dans ce métier. Godard parle d’ailleurs de cela. La première passe que fait Nana, c’est avec un photographe de cinéma. Bien sûr, si je suis gentille avec lui, ça ira mieux, se dit-elle, comme d’autres se le disent. Peut-être n’y a-t-il pas viol, mais il y a une pression permanente. Nana est libre, certes, mais libre, hélas, d’aspirer à la nécessité.
Vous avez travaillé avec des femmes. Volontairement ?
C.B. : Pauline Cheviller, qui interprète Nana, est à l’origine de ce projet puisque c’est elle qui m’a mis sur la piste du film. Ensuite, j’ai choisi Irène Bonnaud comme dramaturge parce que je voulais conduire ce film à la scène avec un regard plus féminin qu’à l’époque. Nous avons aussi choisi d’ajouter des textes de Marguerite Duras, de Grisélidis Réal, de Virginie Despentes, pour appuyer les points de vue féminins, et pour ne pas se priver de ces textes. Dans le film de Godard, le philosophe Brice Parain parle pendant douze minutes : on ne pourrait plus le faire au cinéma, mais le théâtre l’autorise encore parce qu’il est l’endroit du langage et de la confrontation d’idées. J’ai relu le scénario avant même de voir le film : ce texte est fantastique ! Sa dramaturgie magnifique autorise à s’interrompre pour lire d’autres textes, comme le fait Godard lui-même dans ses films.
Propos recueillis par Catherine Robert
à 19h ; relâche les 9, 16 et 23 juillet. Tél. : 04 32 76 24 51.
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