Chopin au Musée Guimet avec le pianiste Jean-Marc Luisada et le danseur Florent Mélac
Le pianiste Jean-Marc Luisada et le danseur [...]
Musique de chambre sur scène-Critique
Autour des Métamorphoses de Richard Strauss, Marianne Bécache et Jérôme Pernoo mettent en musique et en animations graphiques les avatars et les mythes de l’humanisme européen jusqu’à son crépuscule.
Au contraire des concerts-spectacles articulés autour d’une figure littéraire – C’est la faute à Werther ou Proust en chaussons – Métamorphoses, sans doute en raison de la nature musicale du noyau dramaturgique, ne se sert des textes d’Ovide, Goethe ou Kafka, que comme des épigraphes jalonnant la narration musicale et scénographique. Même les bruitages restent discrets et se limitent au tonnerre augural de Zeus, dans l’évocation de l’enlèvement, fondateur, de la princesse Europe, et aux bombardements de 1945, sous lesquels Strauss achève les Métamorphoses. L’essentiel réside dans le délicat contrepoint entre les transformations des dessins de Ding Tian, animées par Chronos Production et les pièces musicales, au fil de stations symboliques de l’évolution de l’humanisme des Lumières jusqu’à leur chute précipitée par la barbarie nazie, le tout dans des permutations intimistes, au gré des partitions, habillées par la scénographie et les éclairages tamisés par Camille Dugas.
Mutations et promesses
Ainsi, après l’antique Ovide et l’In nomine à 7 de Purcell, l’Allegro du Quatuor avec piano n°2 K.493 de Mozart résonne-t-il avec les mots initiatiques tirés du livret de Schikaneder pour la Flûte enchantée. La colombe de la paix aux débuts des Variations Eroica op.35 pour piano de Beethoven, qui seront reprises dans le Finale de la Troisième, se mue progressivement en bicorne napoléonien : Beethoven voulait dédier sa symphonie à Bonaparte, figure des idéaux révolutionnaires – avant de raturer la dédicace après la dérive autocratique de l’empereur. La version biologique des métamorphoses est illustrée par les séduisantes émulsions du violoncelle dans Papillon op.77 de Fauré, avant une correspondance plus tendue entre la Métamorphose de Kafka et le Quatuor à cordes n°1 de Ligeti, dont les rythmes et les dissonances préparent la mutation du cancrelat en ogive. Point d’orgue de la soirée, la réduction pour septuor à cordes des Métamorphoses de Strauss dévoile une plénitude mouvante et investie de la part des jeunes solistes, sur un fond floral au diapason des promesses d’une nouvelle aurore.
Gilles Charlassier
Métamorphoses, Salle Cortot,78 rue Cardinet, 75017 PARIS. Du 17 mars au 2 avril 2022 à 21 heures. Durée : 1 heure. Tél : 01 47 63 47 48. Places de 12 à 18 euros. www.centredemusiquedechambre.paris
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