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Classique / Opéra - Entretien / Leonardo García Alarcón
Omniprésent sous les ors versaillais en ce début d’année, le chef d’orchestre argentin Leonardo García Alarcón revient à son compositeur fétiche Francesco Cavalli, avec la reprise de la production d’Il Giasone (1649) mise en scène par Serena Sinigaglia, créée il y a un an au Grand Théâtre de Genève avec sa Cappella Mediterranea. Avant cela, il aura fait un détour du côté de Lully, à la tête du Chœur de Chambre de Namur et de son autre formation, le Millenium Orchestra.
Parlez-nous de cet ouvrage majeur, Il Giasone de Cavalli, que vous allez reprendre à l’Opéra Royal…
Leonardo García Alarcón : Il Giasone de Francesco Cavalli, œuvre la plus jouée durant le XVIIe siècle, est une pièce possédant tout ce que le public vénitien pouvait attendre : le comique à l’extrême avec des personnages travestis, un rythme musical et d’actions très intense grâce au livret, aux lamentations et aux lamenti, ce genre musical typiquement vénitien… Cavalli a selon moi probablement écrit dans cet opéra l’un des plus beaux lamenti jamais composé. Il invente pour la première fois dans cette pièce ce qu’il appelle Arioso : les récitatifs ne sont plus ces pièces où l’on entend simplement parler, mais une mélodie continuelle, du début à la fin de l’œuvre. Cette invention de Cavalli va faire de lui le plus grand mélodiste de l’Opéra de son temps.
« Versailles est à mes yeux le lieu de création artistique le plus puissant de l’histoire occidentale. »
A Versailles, dans la Chapelle Royale, vous allez aussi aborder Les Grands Motets de Lully : Dies Irae, De Profundis et le majestueux Te Deum. Quelle est votre approche de cette musique ?
L. G. A. : J’aborde avant tout ces œuvres en considérant que Lully est un musicien italien, connaissant l’harmonie créée pour les grands oratorios de Carissimi à Rome qui ont influencé toute la musique sacrée italienne. Il va y associer les couleurs de la musique française et la magnificence avec laquelle la France, depuis toujours, rend hommage à la mémoire de ses rois. La musique que nous allons jouer a été composée pour les funérailles de Marie Thérèse en 1682.
Vous allez prochainement passer beaucoup de temps à Versailles. Quelles sensations particulières ressentez-vous dans ce contexte si exceptionnel ?
L. G. A. : Faire de la musique à Versailles est toujours pour moi une grande émotion, sachant que ce lieu dédié aux arts, initié par Louis XIV, permit aux courants esthétiques français et italiens de se retrouver : Francesco Cavalli y joue pour la première fois à l’occasion du mariage de Louis XIV ; l’opéra Orfeo de Luigi Rossi est le premier opéra joué en France en 1646 ; Jean-Baptiste Lully y rencontre Molière ; et surtout l’Académie Royale de Musique y est créée en 1669. Versailles est à mes yeux le lieu de création artistique le plus puissant de l’histoire occidentale, à l’image de ce que fut en son temps la Renaissance italienne. A chaque fois que mes pas foulent ces lieux, je sens revivre en moi l’esprit artistique de cette époque.
Propos recueillis par Jean Lukas.
(Lully) à 20h. Places : 30 à 130 €.
Tél. : 01 30 83 78 89
Opéra de Versailles (Cavalli), Vendredi 9 mars à 20h et samedi 10 à 19h. Places : 45 à 140 €.
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