Un artisanat furieux au Théâtre de l’Aquarium

« Le projet que nous avons écrit pour le Théâtre de l’Aquarium est intimement lié aux engagements artistiques qui ont animé le parcours de notre compagnie, la vie brève, depuis sa création en 2009. Ces engagements reviennent à tresser des liens entre le théâtre et la musique, à divers degrés et sous de multiples formes, dans un rapport collectif à la scène fait de liberté, de souplesse, d’expérimentation et de partage. Ceci, en essayant au maximum de dépasser les cloisonnements, les effets de hiérarchie et les formalismes qu’impliquent les processus habituels de travail et de programmation. Nous avons donc imaginé ce théâtre comme une maison de création, une pépinière de recherche qui s’ouvre aux publics lors des deux éditions annuelles du Festival BRUIT : la première en hiver, la seconde au printemps. Tout cela n’a bien sûr pas uniquement été pensé pour la vie brève, mais aussi pour d’autres compagnies qui s’installent à l’Aquarium lors de résidences sur mesure conçues pour répondre aux besoins spécifiques de chaque ensemble artistique.

 Un lieu d’émulation

Nous disposons de deux salles, d’un studio d’écriture, d’un atelier permettant la construction de petits et moyens décors éco-conçus… Les équipes que nous accueillons travaillent parfois, en même temps, dans différents espaces du théâtre. Elles peuvent ainsi se croiser et faire connaissance, échanger. Ces relations nous semblent très importantes. Nous croyons beaucoup à l’émulation que favorisent de telles rencontres. Nous avons voulu que notre ouverture aux publics soit, elle aussi, la plus large et la plus libre possible. Venir à l’Aquarium à l’occasion de BRUIT, c’est souvent beaucoup plus que de s’asseoir face à un plateau pour assister à un spectacle. C’est en voir plusieurs, c’est prendre le temps de manger, regarder des choses dans divers recoins du théâtre, à l’intérieur ou à l’extérieur… Comme nous, les artistes que nous invitons font souvent un pas de côté. Ils déplacent le curseur de notre regard, notamment en interrogeant les rapports possibles entre la musique et le théâtre. Ils prennent part, à leur manière, à l’artisanat furieux qui constitue l’identité de notre compagnie et, à présent, du Théâtre de l’Aquarium. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat