Les Travailleurs de la mer d’après Victor Hugo, mis en scène par Clémentine Niewdanski
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Avignon / 2019 - Entretien / Serge Valletti
Cette année, la Salle Chapiteau du Théâtre des Halles fait retentir l’écriture de Serge Valletti. Une matière à jouer vive et singulière qui surgit de la parole.
Comment avez-vous été amené à écrire ?
Serge Valletti : En fait, mon père écrivait des romans policiers. Je dis souvent que s’il avait été charcutier, j’aurais fait des terrines. Mais disons plus sérieusement que le fait de le voir écrire, toutes les nuits, a désacralisé pour moi cette activité. Il mettait une feuille blanche dans la machine à écrire et, un peu plus tard, elle sortait noircie. Et avec ça on mangeait. Je trouvais ça bien. C’était un peu comme s’il faisait de la fausse monnaie. Surtout par rapport aux parents de mes copains de classe qui avaient des métiers tout ce qu’il y a de plus normal. Mais ma première envie a été d’être acteur, ou plutôt de faire rire les gens. J’aimais monter sur scène et faire le pitre, improviser. Et quand je me suis mis en tête d’écrire des pièces de théâtre, tout simplement j’improvisais devant la machine. On peut dire que je suis un acteur qui écrit.
Quel est pour vous le cœur de votre écriture ?
S.V. : J’écris de la parole. J’imagine que je suis sur scène et qu’il faut remplir l’espace de mots. Sinon, je ferais du mime. Le cœur de mon activité, c’est l’organisation de spectacles dans ma tête. Je pense d’abord au lieu et au moment où cela va se faire, à comment je vais être habillé, aux acteurs… Une fois que je sais tout ça, j’écris. C’est la dernière chose que je fais. C’est pour cela que j’aime beaucoup les commandes précises. Ça me permet de rêver mieux. La magie de cette histoire, c’est que le texte qui pour moi est le dernier élément du spectacle, à la limite le moins important, devient, une fois qu’il a été créé, le premier. Car avec ce texte on peut créer un autre spectacle : ailleurs, avec d’autres personnes, des années après… Comme si le déchet du premier spectacle permettait d’en faire d’autres. Finalement, c’est très bio ! D’ailleurs, le premier orchestre de musique dans lequel je chantais, à Marseille, quand j’avais seize ans, s’appelait Les Immondices ! Une sorte de prémonition.
Pouvez-vous présenter les trois monologues mis en scène lors de Valletti Circus ?
S.V. : Longtemps, j’ai écrit des monologues pour les jouer moi-même. C’est le cas de Marys’ à minuit, même si je ne l’ai jamais fait. J’ai en revanche écrit À plein gaz pour Roland Peyron et Pour Bobby pour Ariane Ascaride. Les personnages de ces trois textes sont des combattants. Ils luttent, ne sont pas à la mode, ne savent pas ce qu’ils font. Ils se débattent dans un monde qui ne leur convient pas, et ils n’ont pas la prétention folle de vouloir le changer. Et pourtant, c’est ce qu’ils font en se racontant. Peut-être les spectateurs ne seront-ils plus les mêmes en sortant de ces spectacles. Un petit début, tout de même, de tentative de changement du monde. En mieux, j’espère !
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Relâche les 9, 16 et 23 juillet. Tél. : 04 32 76 24 51.
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