Tout va bien mademoiselle ! texte Julien Cernobori et Hélène Ducharne, mise en scène Christophe Garcia et Marie Rémond

Podcast sur ce lien

Hélène Ducharne est bien connue des professionnels du théâtre français. En charge depuis plus de 15 ans des relations presse du Théâtre du Rond-Point à Paris, cette défenseuse des écritures dramatiques contemporaines n’a aucune chance de passer inaperçue. Elle fait partie de ces personnes qui illuminent ce qui les entoure d’un sourire et d’une bonne humeur indéfectibles. Pourtant, Hélène Ducharne aurait bien des raisons de parfois s’assombrir, de se laisser aller aux vents mauvais de l’affliction, du désarroi, de la lassitude. Infectée par un staphylocoque à l’âge de cinq ans, elle déclare une glomérulonéphrite à l’adolescence, frôlant la mort et perdant ses deux reins. Commence alors pour elle une vie soumise à l’attente d’une greffe, aux aléas de trois transplantations, à de multiples complications opératoires, à des heures de dialyse passées à l’hôpital. C’est cette existence hors du commun que relate Marie Rémond dans Tout va bien mademoiselle !, création adaptée et mise en scène par la comédienne, en collaboration avec Christophe Garcia, à partir de paroles captées par Julien Cernobori pour son podcast Superhéros*.

Une existence hors du commun

On entre dans cette vie comme on entre dans un roman. Un roman captivant, souvent dur, toujours vif, non moins rieur, qui révèle de vastes états d’âme et éclaire les arcanes d’un secret de famille longtemps resté dans l’ombre. Hélène Ducharne, dont la hauteur de vue impressionne, a très tôt appris le sens du mot résilience. Impeccablement pris en charge par Marie Rémond, ses propos et ses récits sonnent droit, clair, juste. Dans une scénographie du quotidien signée Estelle Deniaud, la comédienne donne corps et voix à toutes ces fulgurances avec beaucoup d’intensité. Nulle place, ici, pour la coquetterie ou l’anecdote. Le moindre détail fait sens. La plus petite parcelle de vie ouvre les portes à l’essentiel, à l’exigence, à la nécessité. A tel point que l’on en arrive à oublier, au fil de la représentation, que ce sont bien les souvenirs d’une existence réelle qui nous sont dévoilés. Tel un mythe contemporain, Tout va bien mademoiselle ! rejoint la profondeur de la littérature. Hélène Ducharne prend les atours d’un personnage grandiose. Une superhéroïne qui, à l’instar de tas d’autres sorties de grandes œuvres, donne des repères au monde.

Manuel Piolat Soleymat