Tout le monde descend !

Tout le monde descend ! D’Adam et Eve, d’un dragon et d’une fée, d’un couple originel fabriqué par un dieu potier ? Pas certain ! D’un singe poilu et bas du front ? Pas si simple ? Mais à coup sûr, au fur et à mesure d’une évolution très lente et de sélections progressivement imposées par l’adaptation au milieu, de primates dont sont aussi issus quelques-uns de nos lointains cousins, que bien des hommes peinent encore à admettre dans leur parentèle ! Marie-Charlotte Morin et Alexandre Taesch s’en donnent à cœur joie pour caricaturer les curés abrutis et pourfendre tous les obscurantismes, les faux savants et les demi-habiles, qui confondent Lamarck et Darwin et ne comprennent pas que le secret de l’évolution est de faire le plus d’enfants possible ! Les pires ennemis de la science ne sont pas tant ceux qui en refusent les explications que ceux qui les comprennent à moitié et de travers, transformant Darwin en eugéniste des taxons.

Ecole du rire

Sur un ton décalé, avec quelques saillies et accessoires de carabin, les deux complices fustigent les pseudo-sciences et les croyances abracadabrantes avec une délectation évidente. Le trait est grossi à l’envi et la pédagogie ne s’embarrasse pas des délicats jésuitismes d’une rhétorique subtile. La démonstration, impeccable, use du rouleau compresseur de la moquerie pour évacuer prêcheurs et mythomanes du ring du débat, à grands coups d’uppercuts rationnels. On comprend vite qu’il faut n’avoir pas plus de jugement qu’un singe ou un Américain pour s’obstiner au créationnisme et n’avoir pas plus de connaissances en physique que le dernier des abrutis pour imaginer que la naissance de l’univers ait pu précéder celle de la lumière… Cette conférence-spectacle, rondement menée par des esprits forts et militants, est solidement informée. Elle contribue efficacement à rendre la science accessible à tous, ludique, inventive et créative ! Le spectacle instruit en amusant ; petits et grands peuvent en tirer grand bénéfice et il est à recommander chaudement aux adeptes rabelaisiens des fricassées de bons mots et de savoir gaillard.

Catherine Robert