[Je te souviens]
Puisant dans les 270 Souviens-moi d’Yves [...]
Après Free Time en 2008 et Hot Pepper, Air Conditioner and the Farewell Speech en 2010, le jeune auteur et metteur en scène japonais Toshiki Okada signe Super Premium Soft Double Vanilla Rich. Une nouvelle exploration des thèmes du travail, de l’aliénation et de la liberté.
« J’ai deux manières de relier mes pièces de théâtre à la réalité, confie Toshiki Okada. La première est de faire usage de la provocation. Je pense que l’on peut énerver les spectateurs si cela les conduit à penser et à remettre certaines choses en question. L’autre manière consiste à simplement décrire la réalité. Mais cela peut aussi énerver les gens, car cela les force à regarder des choses qu’ils n’ont peut-être pas envie de voir. C’est ainsi que j’ai pensé Super Premium Soft Double Vanilla Rich. En fait, c’est une pièce provocatrice. Ce que je souhaite, c’est réussir à montrer la possibilité d’une alternative. » La réalité à laquelle se réfère l’auteur et metteur en scène dans la création qu’il présente à la Maison de la culture du Japon est la société nipponne d’aujourd’hui.
Un portrait désespéré du Japon
Une société sur-consumériste, obnubilée par la rentabilité, qui devient l’espace de rancœurs et de frustrations. Une société au sein de laquelle chacun travaille dans le seul but de pouvoir passer à la caisse d’un des supermarchés ouverts 24h/24 qui peuplent les villes. C’est dans un commerce comme celui-ci que se croisent les protagonistes de Super Premium Soft Double Vanilla Rich : des employés cyniques, un directeur tyrannique, une acheteuse compulsive, un client qui, lui, refuse de se soumettre à cette fièvre consumériste, mais dont la résolution apparaît vaine… Désespéré, ce portrait du Japon ? Certainement. Et Toshiki Okada précise qu’il n’y a, dans son travail, aucune forme d’exagération. Car c’est au quotidien de millions de japonais que renvoie cet univers théâtral traversé par la novlangue du néolibéralisme, des chorégraphies névrotiques et une version aseptisée du Clavier bien tempéré de Bach. Un quotidien à bien des égards grotesque. Mais auquel l’auteur et metteur en scène avoue lui-même prendre part.
Manuel Piolat Soleymat
à 20h, le samedi à 15h et 20h. Tél. : 01 44 37 95 95. www.mcjp.fr
Puisant dans les 270 Souviens-moi d’Yves [...]