« Une petite histoire de l’humanité à travers celle de la patate » de Christophe Moyer
Théâtre burlesque, bruitage en direct, film [...]
Dans Pour un temps sois peu, l’autrice trans non binaire Laurène Marx raconte seule en scène avec une langue brute, frontale, un parcours de transition. Mis en scène par Fanny Sintès, ce spectacle manifeste révèle une autrice autant que les vies en marge à qui elle dédie son texte.
« À l’intérieur de la question ‘’est-ce qu’une femme cis peut jouer une femme trans’’ je voudrais te demander une précision ? Dans quel monde ? Dans quel monde ? À l’intérieur de quel monde parle-t-on ? Celui-là ? Ou un monde idéal ? (…) Dans un monde idéal dans le monde dans lequel vous parlez tout le monde peut et tout le monde doit jouer tout le monde. Dans MON monde. Un monde de meuf trans au RSA tu m’excuseras si la réponse est plus nuancée ? ». Ainsi répondait l’autrice Laurène Marx à la polémique déclenchée début décembre 2022 par la déprogrammation de sa pièce Pour un temps sois peu, dans une mise en scène de Léna Paugam et une interprétation d’Hélène Rencurel. Le ton, tranchant, et les arguments acérés de Laurène Marx dans cette réponse dont nous ne publions ici qu’un très court extrait témoigne de la puissance de son écriture, qu’elle aiguise depuis l’âge de ses seize ans, où elle décide de quitter l’école pour mieux « améliorer son style et sa narration ». Très tôt dans ce chemin d’écriture, Laurène Marx réalise que « l’écriture c’est la politique ou ce n’est rien ». Plus elle affûte ses mots, plus leur but se précise à ses yeux : ils seront au service des femmes qui souffrent. Ils seront des forces où chacune pourra puiser pour aller mieux, pour se libérer.
Stand-up triste
Dans sa recherche d’un langage qui bouscule les préjugés, d’une écriture-uppercut, Laurène Marx réalise avec Pour un temps sois peu un grand pas. Avec cette pièce écrite en 2019 en réponse à une commande du Lynceus festival à Binic-sur-Mer, dirigé notamment par Léna Paugam, elle affirme une écriture très orale, où l’intime se fait profondément politique. Ce n’est pas pour rien que, bien que n’étant guère comédienne, elle a décidé de porter elle-même sur scène ce monologue où elle déploie à sa façon rythmée, presque rappée, un parcours de transition. Le sien ? En partie certainement, mais là n’est pas le plus important. En racontant à la deuxième personne sous la forme d’un « stand-up triste » l’épreuve qui consiste à devenir femme – « C’est quoi être une femme ? C’est pas une question d’apparence. C’est une question de… c’est une question », dit-t-elle –, Laurène Marx englobe le spectateur dans son récit. Elle lui enjoint de se mettre dans la peau de celle qui change, de celle qui souffre. Une démarche qu’elle-même a adoptée dans le cadre de sa compagnie « Je t’accapare » fondée avec Fanny Syntès qui la met en scène. Cela par exemple avec Rendre à la rue, basé sur des entretiens menés en compagnie de Jeanne Azar avec des personnes précaires. Au-delà des personnes trans, c’est à toutes celles qui occupent les marges de notre société que Laurène Marx souhaite prêter voix et courage.
Anaïs Heluin
à 21h25. Durée 1h55 (trajet compris de la billetterie à la salle). Tel : 04 84 51 20 10. Relâche les 13 juillet. Tel : 04 84 51 20 10. www.11avignon.com
Le 20 juillet à 18h, Festival Contre-Courant, Rond-point Île de la Barthelasse, 2201 route de l'Islon, 84000 Avignon
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