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Pierre Martot reprend au Théâtre de l’Essaïon son adaptation de l’essai de Camus, qui célèbre la passion de vivre malgré le chaos du monde et la mort en bout de course. Un défi réussi où l’artiste donne corps de manière saisissante à la volonté de créer et à la joie de la pensée.
Rares sont les pensées aussi attachées à l’action, dans une interrogation constante, solitaire et solidaire, qui choisit le défi de vivre, l’exigence d’une difficile liberté contre toute vassalité : « L’absurde n’a de sens que dans la mesure où l’on n’y consent pas » écrit Camus dans l’essai Le Mythe de Sisyphe, achevé en février 1941 et publié en octobre 1942 dans une Europe en pleine guerre, quelques mois après L’Étranger, les deux ouvrages formant avec les pièces Caligula et Le Malentendu le Cycle de l’Absurde. Dans la foulée, le Cycle de la Révolte prolonge une attitude existentielle sans illusion sur la tentation de l’absolu, mais obstinée dans son attachement au présent de la vie. Comédien affûté à l’écran et au théâtre, Pierre Martot a souhaité adapter cette pensée en mouvement à la scène : c’est une première, c’est un sacré défi, et c’est en soi par l’acte même de la création sur un plateau quasi nu une belle manière de s’affirmer humainement et artistiquement face à l’insaisissable du monde.
La clarté de l’intelligence et la beauté du partage
Le nom même de la compagnie Pierre Martot – Théâtre de Sisyphe signifie le lien étroit qui l’unit aux mots de l’auteur. Son désir d’incarnation a nécessité, en collaboration avec le metteur en scène Jean-Claude Fall, un long et patient travail. Sa voix autant que sa présence réussissent d’emblée à capter l’attention, cheminant sans lasser en aménageant quelques ruptures et rebondissements. La parole soudain davantage publique s’élève grâce à un micro, le corps se déplace et s’empare d’un espace où les lumières de l’intelligence révèlent une inlassable quête, où se distinguent les figures du comédien, de « l’homme révolté », du créateur. Pierre Martot réussit son pari difficile et inédit. Jamais résignés, les mots exigeants et sagaces de Camus n’ont rien perdu de leur envergure, bien au contraire. Alors que le chaos de l’époque inquiète, c’est un plaisir d’entendre ce flux de pensée qui cherche avec honnêteté comment faire face au « divorce entre l’esprit qui désire et le monde qui déçoit ». « Ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel – du monde – et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme ». Pierre Martot touche par sa conviction, par sa transmission. C’est un acteur voyageur, qui fait du corps et des mots un spectacle.
Agnès Santi
les lundis et mardis à 21h, les jeudis à 19h. Tel : 01 42 78 46 42. Spectacle vu au Lavoir Moderne Parisien en octobre 2023. Durée : 1h05.
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