Le pianiste poursuit avec opiniâtreté son aventure en moyenne formation, en publiant un troisième album, à la tête d’un orchestre légèrement remanié.
Le moins qu’on puisse dire est que Pierre de Bethmann a de la suite dans les idées. Sous un titre énigmatique, « Todhe Todhe » est le troisième album (double, en l’occurrence) qu’il publie à la tête de son Medium Ensemble, formation qui met en avant ses talents de compositeur. Suffisamment léger pour garder une écriture fluide et laisser de l’espace aux solistes, son orchestre présente une instrumentation variée – et à la palette en partie remaniée, grâce à l’arrivée du vibraphoniste David Patrois – pour qu’il puisse en faire chatoyer et vibrer les timbres.
Constance artistique
Soit dix musiciens, et pas des moindres puisqu’on retrouve parmi eux les saxophonistes Sylvain Beuf et David El-Malek, le clarinettiste Thomas Savy, le tromboniste Denis Leloup et j’en passe, qui servent les partitions ambitieuses du pianiste, lequel aime emmener ses partenaires le long de lignes de crête joliment découpées sur lesquelles il leur laisse le soin de faire des cabrioles. Audacieuses et particulièrement ouvragées, ses partitions ravissent par leur équilibre entre sens du détail et clarté de l’énoncé, densité des textures orchestrales et fulgurance des solos. Dans un monde qui célèbre le renouvellement permanent, peu de chefs d’orchestre ont l’opiniâtreté de Pierre de Bethmann. Or, l’une des vertus de cette constance artistique est bien d’offrir au public non seulement un orchestre qui a du caractère mais également un répertoire qui, plus le temps passe, se raffine et se consolide dans sa rigoureuse fantaisie.
Vincent Bessières
