Abeilles
La metteure en scène Magali Léris s’empare [...]
Léonore Confino et Catherine Schaub ont écrit et mis en scène un spectacle sur mesure pour de jeunes comédiens qui interprètent avec rythme et talent les affres et les atermoiements de leur génération.
Qui aimer ? Comment aimer ? Faut-il s’engager ? Pour quelle cause ? Comment le faire ? Faut-il faire avec, contre ou sans les parents ? Les rapports entre les hommes et les femmes sont-ils à dynamiter ou à réaménager ? Faut-il préférer les coups aux caresses ? Et surtout, question cruciale : comment aimer l’autre et comment s’en faire aimer ? Autant de questions qui, certes, ne sont pas neuves, mais semblent toujours inédites à ceux qui les découvrent et doivent tâcher de les résoudre pour passer sans trop d’encombres de l’enfance à l’âge adulte. Léonore Confino a écrit une partition incisive et rythmée qui offre à une troupe de jeunes comédiens à l’indéniable talent l’occasion de l’exprimer et d’explorer ainsi les difficultés de leur génération. Une poignée d’élèves (huit filles et un garçon), scolarisés en terminale littéraire dans un lycée bon chic bon genre, découvrent, à l’occasion de soirées alcoolisées où ils mettent en scène des jeux de rôles mythologiques, les invariants anthropologiques des rapports entre les sexes et des relations de pouvoir.
Entre Sa Majesté des mouches et Le Miel et les abeilles
Chaque personnalité offre une facette d’une certaine jeunesse actuelle. On a affaire à un groupe sociologiquement homogène : les problèmes qui agitent les corps et les cœurs relèvent de l’affect et de la psychologie. Si le texte est parfois un peu répétitif, la mise en scène a l’immense mérite d’être enlevée et enjouée. Aliénor Barré, Solène Cornu, Faustine Daigremont, Thomas Denis, Marion de Courville, Marguerite Hayter, Elise Louesdon, Camille Pellegrinuzzi et Léa Pheulpin font preuve d’un abattage, d’un dynamisme, d’une verve et d’un bagou remarquablement exploités par la mise en scène dynamique qui conduit le récit des aventures de ces enfants du siècle. Omniprésence de la virtualité informatique, confusion adolescente entre fantasme et réalité, hyperbole sentimentale et jusqu’au-boutisme des engagements existentiels : les Amazones en herbe caracolent dans cette histoire où les filles font preuve de la même cruauté innocente et perverse que les collégiens huppés du roman de William Golding. A conseiller aux parents qui croient encore que leur progéniture révise ses leçons le samedi soir…
Catherine Robert
Du jeudi au samedi à 19h. Tél. : 01 45 22 08 40. Durée : 1h15.