« Laudes des Femmes des Terres Brûlées » par Odile Pedro Leal, un rituel théâtral empreint de sororité
Odile Pedro Leal, directrice artistique du [...]
Depuis 2012 auprès des agriculteurs du monde entier, les belges de la Cie Adoc tirent un constat sans appel : il faut sortir du modèle de production actuel. Dans une forme hybride au carrefour du documentaire, du théâtre et du colloque, ils font advenir au plateau l’espoir d’une alternative.
Dans le jardin de l’ancien Carmel d’Avignon, il a d’abord fallu se concentrer pour rentrer dans cette forme de théâtre/documentaire/conférence (on est arrivé un brin en retard, il faut le dire). Assis à une table, Charles Culot et Pauline Moureau jouent des dialogues tirés de leurs entretiens avec des agriculteurs belges et français. Ils reprennent donc mot pour mot et accent pour accent ces témoignages, souvent revendicatifs, qui déplorent les conditions de travail, la compétition imposée, les salaires de misère… Malgré quelques fulgurances, ces incarnations manquent de relief. Pourtant, 1h15 plus tard, on ressort convaincu que cette pièce est nécessaire et même assez brillante. Quand ils n’incarnent pas des paysans, les comédiens enchaînent les prises de paroles militantes et enflammées. Ils approfondissent leur démonstration avec de la vidéo, de la musique ainsi que des pancartes à slogans du type « Pas de paysan sans terre, pas de terre sans paysan » ou « L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage », qui s’amoncellent au fur et à mesure sur le plateau. Dans un ultime élan de fureur, un mannequin affublé d’une combinaison agricole est même pendu. Avec peu de moyens, ils créent un espace de discours multidimensionnel, au sein duquel la crise est envisagée sous tous les angles.
Utopistes éclairés
La force de Nourrir l’humanité c’est un métier réside dans sa pédagogie sans didactisme. Difficile de faire un plaidoyer aussi clair et efficace pour une agriculture raisonnée. Concrètement, la PAC (Politique Agricole Commune) de l’Europe est une catastrophe qui déverse 80% de ses subventions aux 20% des exploitations les plus étendues. Le désastre, autant économique qu’éthique, est le fait des puissants lobbies de l’agroalimentaire qui s’infiltrent jusque dans les consciences via les syndicats comme la FNSEA. Le destin des agriculteurs ? S’endetter, s’étendre, s’endetter, puis mourir d’une maladie causée par les pesticides. Pas question de se laisser faire, « Soyez des pirates ! » comme ils disent. La deuxième partie du spectacle est une ascension vers l’espoir, qui démontre la supériorité sans appel de la polyculture et réinscrit l’agriculteur au sein de la communauté. Le modèle promu est meilleur pour la planète, les consommateurs, les producteurs, et plus rentable sur le long terme ! Alors oui, c’est dur d’expliquer à des paysans éreintés qu’ils se trompent depuis 50 ans, mais les vrais utopistes « ce sont ceux qui croient que l’on peut continuer comme ça. ». Suite à la pièce, un bord plateau accompagné d’un agronome offre un échange et une belle conclusion à ce geste militant aussi passionné que mûrement réfléchi.
Enzo Janin-Lopez
à 10h20, relâche les 11 et 18 juillet
Durée : 1h15
Tél : 04 90 82 39 06
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