Narcisse ou l’amant de lui-même

Tombant dans le piège tendu par sa sœur Lucinde, Valère tombe follement amoureux de son propre portrait. « Avec une arme inattendue, celle du rire, Rousseau donne une cure de jouvence au mythe des Métamorphoses d’Ovide, déjoue les codes du travestissement et nous emporte dans la découverte, et la crainte de soi. », dit le metteur en scène Jean-Luc Revol. Insolente, et faussement légère, la comédie composée par le jeune Rousseau est remarquablement construite, autour d’une double intrigue : d’une part, la mystification cruelle dont Valère est victime, et d’autre part le refus de Lucinde d’épouser un homme qu’elle n’a jamais vu, et qui se révèlera être en fait celui qu’elle aime. Ce chassé-croisé amoureux traite avec subtilité de la question de l’identité, de la méconnaissance de soi et des autres, de l’imposture et de la mascarade sociale et morale.

Catherine Robert