PHILIPPE JORDAN
Fin de saison symphonique pour le directeur [...]
L’opéra d’Henri Rabaud, qui rencontra un succès important à sa création en 1914, reprend le chemin de la Salle Favart, sous la direction de l’excellent Alain Altinoglu.
La postérité n’est pas toujours très tendre avec les musiciens qui ont le malheur de naître entre deux époques. Henri Rabaud (1973-1949) a connu tôt le succès ; en 1894, il obtient le Prix de Rome et les honneurs suivront : académicien, directeur du Conservatoire, chevalier de la Légion d’honneur… L’avenir pourtant est à ceux qui n’ont pas la même facilité au triomphe académique : quand il compose Pelléas et Mélisande, Debussy a depuis longtemps abandonné la veine qui avait valu à son Enfant prodigue le Prix de Rome. Ne parlons même pas de Ravel, incapable de se plier à de telles exigences ! Tout au contraire, Mârouf, savetier du Caire ne renie rien de conventions alors pourtant nettement dépassées (nous sommes en 1914, un an après Le Sacre du printemps). Pour autant, l’ouvrage ne manque pas de charme, même si son orientalisme très en phase avec l’esprit colonial de l’époque est d’une originalité toute relative. Il reste que l’exotisme, ici, peut fonctionner comme une ouverture sur la féerie et c’est ce que souhaite Jérôme Deschamps pour sa mise en scène : « un voyage vers des contrées imaginaires pleines de saveurs et d’exotisme, où le merveilleux se ferait subversif tant l’illusion du conte deviendrait convaincante et forte d’alternatives possibles au réel ». À redécouvrir donc, après un long oubli, avec une distribution pertinente (Jean-François Bou, Nathalie Manfrino, Franck Leguérinel, Nicolas Courjal, Doris Lamprecht…).
J.-G. Lebrun
Fin de saison symphonique pour le directeur [...]