Yerma
Pour sa première création, le comédien et [...]
Grand invité du Louvre, Robert Wilson présente son musée intime, source d’inspiration de ses créations, ainsi que des performances et des archives filmées.
Chaque été, lorsque la torpeur suspend la course des saisons, Robert Wilson gagne Long Island, situé à deux heures de route de New York, et s’installe à Watermill Center. Là-bas, l’attend avec ferveur une centaine d’artistes de toutes disciplines qui viennent travailler avec lui, sur ses projets ou les leurs. Créée en 1992, sa fondation fourmille comme un laboratoire international où se préparent bon nombre de ses spectacles. Elle abrite aussi la collection d’art et les archives qu’a très sérieusement constituées le metteur en scène américain. Dans cet assemblage hétéroclite, des oeuvres océaniennes jouxtent des céramiques chinoises archaïques, des photographies contemporaines, des chaises de toutes époques et des objets trouvés. S’y révèle le regard de l’artiste qui les a choisis et associés, qui en distille les mystérieuses influences dans ses créations. C’est tout l’attrait de l’exposition Living Rooms, dont le maître assure la scénographie et le commissariat, que de dévoiler ce processus d’interférences qui puise au quotidien dans cette matière première brute comme source d’inspiration.
Intertitre
Doué d’une intelligence rythmique et visuelle très aiguisée, l’artiste texan appréhende le plateau comme un espace où se déploient des temps, des corps, des couleurs, des mouvements, des formes et des sons. Il dessine ses spectacles et condense le sens en images, d’une rare densité. Il suivit d’ailleurs l’enseignement du peintre George McNeil, à Paris, avant de signer ses premiers spectacles à New York, au tournant des années 70, et de s’imposer sur la scène mondiale avec Le Regard du sourd en 1972. Grand invité du Louvre, Robert Wilson présente également plusieurs performances, liées à ses complicités artistiques. Ainsi de Lecture on Nothing, que John Cage donna en 1949. En reprenant lui-même cette « conférence pour rien », il rend hommage au compositeur qui marqua profondément son art. De même pour The Sundance Kid Is Beautiful, du plasticien Christopher Knowles, qu’il rencontra en 1973 alors qu’il était un adolescent muré dans l’autisme. Ensemble, ils créèrent A Letter for Queen Victoria (1974) puis le livret d’Einstein on the Beach (1976), opéra mythique. Dernières étoiles de sa constellation, les soeurs Bianca (« Coco ») et Sierra («Rosie ») Casady, dite CocoRosy, donnent un concert mêlant chant lyrique, gospel et pop. Enfin, pour compléter cette virée au cœur de l’univers wilsonien, des archives visuelles livrent leurs secrets, lors de projections et de rencontres…
Gwénola David
Pour sa première création, le comédien et [...]