L’idéal club

« On serait pendant ces deux heures tous tellement bien ensemble, réconciliés, qu’on en oublierait presque de se prendre la tête à deux mains devant la crise. On oublierait de se plaindre et de pleurer le monde. » Bienvenu à l’Idéal Club ! La bande des 26000 couverts a concocté un cabaret qui brasse, pêle-mêle, numéros loufoques, blagues potaches, chorégraphies kitchissimes et autres fantaisies improbables. Vadrouillant depuis une quinzaine d’années sur les routes, la compagnie poursuit l’utopie d’un théâtre populaire sans être populiste, où l’imagination pousse les routines encombrant le quotidien et libère les plus folles audaces. Elle ourdit des créations, selon toutes apparences, débonnaires et, mine de rien, savamment pensées. D’ailleurs, elle accroche ici en exergue une citation de Nietzsche, tirée du Gai savoir : « Il faut de temps en temps nous reposer de nous-mêmes, en nous regardant de haut, avec le lointain de l’art, pour rire, pour pleurer sur nous. Il faut, de-ci de-là, nous réjouir de notre folie pour pouvoir rester joyeux de notre sagesse. »

Jubilatoire et affable

Au programme : du trapèze virtuel, une chorale de cartons, un ventriloque délateur, plusieurs pauses clope fumeuses, des cours de barbecue, des cowboys joueurs de flûte à bec… Maniant le burlesque et la satire avec une agilité digne des Monty Pythons, ces drôles d’artistes raillent tout autant les mœurs culturelles compassées sous leurs grands airs que les clichés des divertissements hébétés, commercialisés en séries télévisées. Avouons-le : ça fait un bien fou !

Gwénola David