Valérian Guillaume crée « Richard dans les étoiles », qui explore la question de l’assignation sociale
Pièce lauréate de l’Aide à la création [...]
Pauline Cassan et Philippe de Monts offrent une traversée très maîtrisée des affres des relations filiales. Un texte subtil, une mise en scène au cordeau et une interprétation bluffante.
Constance est partie vivre au Canada avec Jérémian. Elle revient chez ses parents à l’occasion de leur anniversaire de mariage. Sa mère se plaint de sa longue absence. Huit mois sans voir sa fille, une éternité… Si la phrase de Françoise Dolto, « les enfants sont les symptômes des parents » n’apparaissait pas en exergue de cette histoire apparemment banale, on ne prêterait sans doute pas attention à chaque mot et à chaque mimique, mais l’on est immédiatement plongé dans l’enquête et l’on sourit d’emblée. Si l’enfant part si loin, c’est sans doute parce que le rôle qu’on lui assigne est pénible : il lui faut vérifier qu’il n’est pas la clé de voûte de l’édifice névrotique parental. « Maman, tu vois pas que tout s’effondre là ? » demande Constance à sa mère, alors que la maison familiale prend l’eau et que la merde sort des canalisations. « Non ça tient ! Tout tient ! » répond sa mère. Constance peut enfin prendre sa mère au mot, cesser de croire à l’effritement, puisqu’elle sait que tout ne repose pas sur elle. Elle peut repartir construire un autre édifice avec Jérémian, et faire un enfant, car elle a compris qu’elle peut cesser d’en être un. Le propos de Pauline Cassan et Philippe de Monts n’est pas de révolutionner l’analyse des névroses, mais d’en montrer les effets. Ils le font avec finesse et justesse.
Guérir de son enfance
Les deux comédiens interprètent Jérémian et Constance, et sont aussi les parents de la jeune femme. Les doubles rôles suggèrent ainsi, sans l’appuyer, ce que l’analyse pourrait révéler : projections fantasmatiques et confusion des postures. Au spectateur de se faire enquêteur à mesure que les signes s’amoncellent et que les yeux se décillent. On se prend au jeu avec autant de malice que de frayeur : on ne peut échapper au spectacle terrible de la manière dont les familles réussissent parfois à se faire du mal en croyant bien faire. La mise en scène est fluide : deux chaises métalliques suffisent pour évoquer les différents meubles, accessoires et pièces de la maison. Les deux comédiens passent d’un personnage à l’autre avec souplesse. « L’important n’est pas ce qu’on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous. » disait Sartre dans Saint Genet, comédien et martyr. Autre citation qui, cette fois, conclut le spectacle, comme un appel à assumer la liberté de ses propres choix sans s’encombrer de ceux des autres, évidence que ce spectacle remarquablement composé et interprété rappelle avec force et intelligence.
Catherine Robert
En septembre et octobre : mercredi et jeudi à 21h15, vendredi et samedi à 19h, dimanche à 15h. En novembre : du mercredi au samedi à 19h, dimanche à 15h. Tél. : 01 48 06 72 34. Durée : 1h25. A partir de 12 ans.
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