« Les Excentriques » entre états de corps et états de pensée

« Danses fluides » : le sous-titre de cette 5^e édition des Excentriques invite l’eau et les flux à se glisser dans la programmation, que ce soit dans les créations, ou dans les réflexions qui viendront nous interroger sur la place souvent insoupçonnée du liquide dans l’art. Laissons-nous submerger par Agwuas, une coproduction du réseau des Centres de Développement Chorégraphique Nationaux portée et interprétée par Marcela Santander Corvalan et la musicienne Gérald Kurdian. Au cœur du projet : l’utilisation d’instruments à eau inspirés d’instruments précolombiens, des rituels de l’eau, des danses de pêcheurs, comme autant de voies et de voix qui se réveillent des profondeurs du passé. La pièce partage la soirée avec l’Obsequio du Vénézuélien Johann Pérez, repéré dans la sélection Aerowaves. Son solo se vit comme une offrande entre la danse joropo ramenée de son pays, et les gestes du voguing issus des pratiques de clubs.

Spectacles, conférence, ateliers et film

Les Wet Songs de Nina Santes sont un passage incontournable pour s’immerger dans le thème, qu’elle a choisi de décaler façon comédie musicale. Chants et danses deviennent miscibles dans une pièce qui célèbre la fluidité sous l’angle de la liberté. Chez Volmir Cordeiro, ancien artiste associé de la Briqueterie qui revient avec sa toute nouvelle création, la liberté s’exprime toujours dans des corps débridés. Son Parterre creuse avec acuité la place et la fonction des corps, de la marginalité à l’ordre social, jusqu’à déformer les identités dans une acceptation totale de la fluidité. L’eau, en tant que matière, image, ou symbole, est une formidable source d’inspiration pour ces artistes. Si aujourd’hui, danseurs et circassiens s’immergent dans des productions en apnée, d’autres expériences d’art immergé sont venues nourrir l’histoire de la performance depuis les années 60. C’est ce que nous racontent Davia Lagos et Elise Jouhannet dans la conférence-rencontre « Plouf ! performances liquides et mouillées, pour une histoire située et politique ».

Nathalie Yokel