Feuilleton théâtral
Le directeur du Nouveau Théâtre de Montreuil [...]
En portant à la scène Tabou, l’actrice Laurence Février poursuit un combat tant obstiné qu’efficace contre les humiliations dont l’être humain est victime.
Pour sa nouvelle création, Laurence Février s’inspire de Gisèle Halimi et de sa flamboyante plaidoirie àla Courd’Assises d’Aix-en-Provence, le 3 mai 1978, lors d’un procès mémorable fustigeant le viol. L’agression sexuelle est significative de l’état d’une société où la violence physique et la pression psychologique vont de pair dans la dévalorisation des sentiments et de l’érotisme. Il a fallu attendre l’influence des mouvements féministes des années 1960-1970, d’abord aux Etats-Unis, et la place nouvelle accordée à la femme dans la vie économique, pour que la législation prenne en compte les manifestations de l’opinion publique féminine, et reconnaisse comme crime, tout acte de pénétration sexuelle commis par contrainte.
La dénonciation du violeur
Gisèle Halimi est à l’origine de la loi de 1980 en France, condamnant irréversiblement le viol. La culpabilité où s’enfermait la victime laisse place enfin à la dénonciation du violeur dont l’image bascule dans la criminalité. La loi reconnaît que des rapports sexuels imposés dans le cadre légal du mariage entrent dans la catégorie des sévices sexuels. Tabou ne raconte pas un viol particulier, ni l’histoire du procès d’Aix. Au-delà des générations et des clivages sociaux, il s’agit de mettre en scène le questionnement de la soumission face à la police, à la justice, à la société qui harcèle et doute jusqu’à faire de celle qui est humiliée, la coupable. Avec Véronique Ataly, Mia Delmaë, Françoise Huguet, Carine Piazzi, Anne-lise Sabouret.
Véronique Hotte
Le directeur du Nouveau Théâtre de Montreuil [...]