Place Tahrir
Accompagné du pianiste Henry Torgue, le [...]
Avignon / 2016 - Entretien / Stéphanie Vicat
Stéphanie Vicat adapte et interprète Le Cœur cousu, de Carole Martinez, pour un spectacle intense et rythmé qui montre, à travers un double portrait féminin, comment l’art peut transcender le destin.
« Le Cœur cousu est un conte noir et baroque, écrit dans une langue épique et foisonnante. C’est l’histoire d’une jeune femme, Soledad, qui raconte l’histoire de sa mère, jouée et perdue par son mari dans un combat de coqs. Dans une Andalousie archaïque, Frasquita va se libérer de toutes ses entraves et prendre son destin en main, traînant une ribambelle d’enfants derrière elle dans sa traversée du pays et de la guerre civile. Carole Martinez s’est inspirée de l’histoire de son aïeule, victime des hommes. Mais elle a voulu faire de Frasquita une femme plus forte que les hommes, une magicienne et une couturière extraordinaire, qui recoud les êtres et les âmes. Ce qui m’intéressait beaucoup, c’est le rapport entre ces deux femmes. Au début, Carole Martinez parle de Soledad, la mal nommée, mal aimée, mal regardée. J’ai imaginé que Soledad, pour justifier sa recherche d’elle-même, invente l’histoire de sa mère pour trouver son identité. Carole Martinez a cautionné cette hypothèse de lecture qui guide mon adaptation.
Des femmes qui parlent avec leur chair et leurs tripes
Dans le livre, seuls le premier et le dernier chapitres parlent de Soledad, mais je lui accorde beaucoup plus d’importance dans mon adaptation. Elle est la conteuse de son histoire et revient en filigrane tout du long du spectacle. Je n’ai pas gardé tous les personnages, et je me suis concentrée uniquement sur l’histoire de Frasquita via les yeux de Soledad. Je me suis autorisée une liberté avec les changements de temps, de personnages, de rythme ; on passe du discours direct au discours indirect, parfois en recul (quand Soledad raconte), parfois au premier plan des émotions (quand Frasquita prend la parole). Le son, la lumière et la vidéo aident à faire comprendre qui parle et quand. Ce qui m’intéresse, c’est la transmission de mère en fille, et cette histoire d’une double libération par l’art : Frasquita se libère par la magie de son talent et Soledad se libère de sa mère en écrivant son histoire. »
Propos recueillis par Catherine Robert
à 13h30, relâche le 18 juillet. Tél. : 04 32 74 16 49.
Accompagné du pianiste Henry Torgue, le [...]