Ici s’écrit le titre de la pièce qui nous parle d’Ante
Le jeune metteur en scène belge Jérôme Nayer [...]
Avignon / 2013 - Entretien Katia Ponomareva
Katia Ponomareva et l’Ensemble A nouveau fondent leurs spectacles sur des nécessités intérieures, des thématiques liées à l’existence. Nous serons vieux aussi [A Nouveau, fragments 4] appréhende les réalités de la vieillesse, met en lumière les vieux pour parler de l’âme humaine.
Qu’est-ce qui a motivé votre projet de mettre en scène un spectacle sur le thème de la vieillesse ?
Katia Ponomareva : Chaque spectacle est pour moi le journal d’une vie. Le choix d’un thème emprunte les chemins sinueux de la pensée, d’événements intimes, politiques, sociaux et répond à « un obscur pressentiment« . Evidence douloureuse ou pas de ce que je dois aujourd’hui – à cet instant de ma vie – raconter, débrouiller, interroger. C’est mettre le théâtre sur le même plan que la philosophie ou toute autre forme d’expression : je ne conçois de théâtre vivant que comme l’expression d’une réalité subjective et intérieure. L’arrivée d’un grand-père dans le cercle familial m’a invité à m’interroger sur la vieillesse.
Comment avez-vous procédé ?
K. P. : Le point de départ de toutes mes recherches étant un questionnement thématique, le texte n’est pas au cœur de notre travail, il n’en est pas exclu mais il n’est pas au centre, il est un matériau parmi les autres. Les mots, s’ils sont présents, sont ceux des acteurs, du metteur en scène, de l’auteur, trouvés, dits, pensés lors des différentes étapes de travail. On peut dire qu’il s’agit plus d’un travail sur des images et sur des émotions. Nous cherchons à éveiller les sens pour susciter la réflexion. Pour ce spectacle, j’ai eu envie de travailler avec « les plus vieux des vieux », pas des acteurs bien sûr, des gens comme vous et moi. Nous sommes donc partis à leurs rencontres. On a passé des moments avec eux, filmé parfois, enregistré aussi et au final… Mais je préfère ne pas en dire plus et vous laisser la surprise du plateau, tous sont là ou presque.
Quelle est votre ambition vis-à-vis du spectateur ?
K. P. : J’ai vite compris en préparant ce nouveau spectacle que je m’attaquais à un sujet fort sensible. En aucun cas je ne voulais rendre compte d’un état de la vieillesse en France ou ailleurs, à la manière d’un film documentaire. Ce que j’avais envie de montrer c’était « l’objetisation » d’un pan de la population, un pan sacrifié. Lors d’une discussion avec un gériatre, il m’a signifié que la dernière mémoire qu’il reste aux vieux c’est la mémoire émotionnelle, affective. Ils ont besoin qu’on les aime, qu’on les caresse. Voilà un possible pour chaque spectateur, qui ouvre sur un devenir et qui peut-être nous permet de les voir enfin, de les voir autrement, d’ajuster nos comportements envers ces vieux qui ont encore la vie en eux.
Propos recueillis par Agnès Santi
Le jeune metteur en scène belge Jérôme Nayer [...]