Moi, Jean-Noël Moulin, Président sans fin (création) de de Mohamed Rouabhi , mise en scène deSylvie Orcier
Dans cette création mise en scène par Sylvie [...]
Claudia Stavisky propose une magnifique version de La Vie de Galilée, portée par une troupe harmonieuse qui gravite autour d’un Philippe Torreton solaire, dans un décor de toute beauté. Un remarquable spectacle !
La scénographie et les costumes de Lili Kendaka et les lumières de Franck Thévenon installent le spectacle de Claudia Stavisky dans une ambiance qui suggère d’emblée les orientations dramaturgiques de sa mise en scène. Les tableaux, qui rappellent ceux du jeune Teniers et le clair-obscur des maîtres flamands, se succèdent. Ils racontent la vie d’un savant proche du peuple, avec lequel il vit simplement, en compagnie duquel il mange avec une robuste gourmandise et auquel il explique ses découvertes, comme il le fait en donnant des leçons de physique au jeune fils de sa logeuse ou en préférant la langue du commun pour écrire. Le Galilée de Philippe Torreton n’a rien de l’héroïsme vibrionnant que l’on attribue souvent aux savants quand on confond la recherche avec une chasse au trésor et l’histoire avec le roman. Epais, rugueux, bougon, il pétille d’une intelligence qui réserve ses effets à ceux qui sont capables d’en partager les découvertes. Et lorsque le Saint-Office finit par l’emporter dans la lutte imbécile qui l’oppose à l’obstiné copernicien qui a vu tourner autour de Jupiter les preuves de sa théorie, le vieux Galilée n’est brisé qu’en apparence et confie à Andrea le résultat final de son travail, que les Hollandais sauront publier et diffuser dans toute l’Europe.
Un théâtre aux accords parfaits
La simplicité du jeu de cet immense interprète, qui offre à Galilée une carcasse, un bagout, une ironie et une tendresse matoise époustouflantes et bouleversantes, répond à l’économie générale du spectacle, qui fait simple parce qu’il faut faire clair : Galilée, pédagogue allergique au latin, Brecht, dramaturge du dessillement réflexif, et Claudia Stavisky vont d’un même pas : celui qui fait advenir le sens. Les comédiens qui entourent Philippe Torreton sont tous extrêmement justes et réussissent surtout le rare tour de force d’individualiser chacun de leurs personnages quand ils en jouent plusieurs. Tous font merveille et on finit par avoir l’impression que les acteurs sont aussi nombreux que les rôles dans cette fresque aussi bien réglée que le ciel étoilé aux implacables lois mathématiques. Les créations vidéo de Michaël Dusautoy, l’ingénieuse machinerie du fond de scène et l’élégance rythmée des changements de décors participent également à créer un spectacle de très belle facture, porté par des acteurs qui servent le théâtre, l’intelligence politique du propos et la volonté d’élucidation des arcanes de l’univers et des lois sociales avec un talent exceptionnel.
Catherine Robert
Spectacle vu aux Célestins en septembre 2019.
à 20h, sauf dimanche à 16h, relâche lundi. Tél : 04 72 77 40 00. Durée : 2h40
Dans cette création mise en scène par Sylvie [...]