« Frangines – on ne parlera pas de la guerre d’Algérie » de Fanny Mentré, interprété et mis en scène par Fatima Soualhia Manet , un voyage introspectif qui trace un beau chemin de liberté
Écrite par Fanny Mentré, interprétée et mise [...]
C’est une véritable découverte : La Séparation, une tragi-comédie de Claude Simon, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1985. Interprétée par Léa Drucker, Catherine Hiegel, Catherine Ferran, Pierre-François Garel et Alain Libolt, la mise en scène de cette œuvre signée par Alain Françon révèle par éclats la substance d’une grande écriture.
Célébré pour l’amplitude de sa prose circonstanciée et magmatique, qui fait de lui l’une des figures emblématiques du Nouveau Roman, Claude Simon (1913-2005) est peut-être le plus confidentiel de nos grands écrivains. Qui connaissait La Séparation, seule pièce de théâtre conçue par l’auteur de La Route des Flandres, avant qu’Alain Françon ne la mette en scène aux Bouffes Parisiens avec un quintette d’interprètes de premier plan ? Sans doute seulement les spécialistes de l’œuvre du Prix Nobel. Inspirée du roman L’Herbe (Les Éditions de Minuit, 1958), cette tragi-comédie a été créée en 1963, mais est restée inédite jusqu’en 2019, date à laquelle elle a été publiée aux Éditions du Chemin de fer. Mêlant le style ciselé de Claude Simon à des avancées de langage qui sont comme des chevauchées en terre de littérature, comme les blocs de paroles d’un théâtre-paysage, La Séparation jette une lumière crue sur le passé et le présent d’une famille. S’affirme, ainsi, la persistance des souvenirs qui viennent perforer l’enfermement du quotidien. Puis, bourdonnent les petites préoccupations souvent risibles du présent, le temps d’une agonie qui rappelle à toutes et tous les règles indépassables de l’existence.
La vie, le temps d’une agonie
Au sein de deux cabinets de toilette contigus, traités de façon réaliste par le décorateur Jacques Gabel, deux couples se font face. D’un côté, Sabine et Pierre (Catherine Hiegel et Alain Libolt). De l’autre, Georges et Louise (Pierre-François Garel et Léa Drucker), leur fils et son épouse. La vie s’écoule sans allégresse dans cette maison bourgeoise qui héberge également une sœur de Pierre, en train de disparaître, et une vieille garde malade (Catherine Ferran) veillant sur la mourante. La vie s’écoule sans allégresse, mais avec panache et exaltation, car l’écriture surprenante de Claude Simon fait surgir de l’enveloppe du quotidien une vitalité du ridicule et du désespoir. Le début de la représentation ouvre sur les dissensions du plus jeune des deux couples. Elle a un peu de mal à rendre active la force de cette matière théâtrale atypique. On perçoit quelque chose d’une voix qui veut s’élever, mais elle reste ténue. Et puis, Catherine Hiegel entre en scène. Et là, tout change. Entre douceur et emportements, profondeur railleuse et tendresse, la comédienne sculpte avec une exigence accomplie les accents tragi-comiques de la pièce. Dans la chair de son personnage, comme dans la chair du texte qu’elle soulève, l’ancienne doyenne de la Comédie-Française s’impose, virtuose. Elle révèle l’exubérance d’une humanité et l’intensité d’une écriture.
Manuel Piolat Soleymat
Du mercredi au vendredi à 20h, le samedi à 20h30, le dimanche à 16h. Durée : 1h50. Tél. : 01 42 96 92 32. www.bouffesparisiens.com
Également du 15 au 17 janvier 2026 au Théâtre Montansier à Versailles.
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