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« Sempre » : un album solaire qui porte la tradition lunaire du fado, ou comment le talent permet de dépasser les absolus d’un genre puissant.
Ecouter Katia Guerreiro est toujours une surprise. Sa voix, parfaitement placée, alto et incisive, vient s’affirmer, frontale, narrative, fière de chanter des auteurs, des compositeurs d’une tradition fadiste autant que ceux de ses répertoires intimes. Sans pathos, son saudade est éternel et personnel, et sonne comme un hymne bien plus que comme une plainte. Son nouvel album, « Sempre » (Ocarina, Universal Music, paru en France en février 2019), est dirigé par José Mário Branco, artiste emblématique de la contre-dictature, qui a su équilibrer avec justesse le jeu entre guitares rythmiques, guitares mélodiques et voix, qui se répondent sans empiéter, qui se laissent du temps et de l’espace, qui s’écoutent. On entend d’ailleurs la voix devenue rare du chanteur sur le premier titre, « Quem diria », introduction presque badine qui donne le ton de cette collaboration étonnante et complice.
Liberté d’interprétation
Katia Guerreiro semble être l’égérie idéale d’un fado du présent : profond et sans ennui, son chant est sobre par essence, sa musique n’est pas languissante, respecte les grands principes du genre sans y coller à la lettre, célèbre la poésie, l’amour, les peines, tout en sensibilité et sans sensiblerie, invitant le regard de l’Histoire tout en regardant partout ailleurs. Avec Guerreiro, on ne se projette pas au crépuscule dans une taverne d’Alfama, mais en pleine lumière sur une scène partagée. Guerreiro est aussi solaire que le fado est lunaire. Et elle sait concilier tout cela avec l’aisance des vrais créatifs.
Vanessa Fara
à 16h. Tél. 01 44 92 78 05. Places : 33 à 55€
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