La Terrasse

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Avignon / 2018 - Entretien / Gurshad Shaheman

Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète

Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon
Gurshad Shaeman © Jeremy Meysen

Gymnase du lycée Saint-Joseph / de et mes Gurshad Shaheman
Entretien / Gurshad Shaheman

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Poursuivant ses questionnements sur l’identité présents dans sa trilogie Pourama Pourama, l’auteur et metteur en scène franco-iranien Gurshad Shaheman livre un texte en forme de fragments d’après des entretiens réalisés auprès d’exilés issus du Moyen-Orient ou du Maghreb.

« La globalité n’existe pas, il n’y a que des histoires individuelles. »

Quel est le projet du spectacle ?

Gurshad Shaheman : La pièce est une compilation de mémoires d’individus qui ont traversé des moments importants de l’histoire de leur pays – ou de l’histoire du monde puisque nous en sommes tous citoyens. Je suis allé à la rencontre de personnes (je les appelle des « témoins ») qui ont subi des oppressions de la part de la société, des régimes totalitaires. On a l’impression, à travers les médias, de les connaître, de savoir comment leur gouvernement ou société fonctionnent, quels sont les événements qui leur arrivent mais en réalité, on ne sait pas comment ils vivent ces situations car les médias tentent de recouvrir des événements ou des peuples dans leur globalité. Mon spectacle est un récit de l’intérieur. Ce que j’essaie de dire, c’est que cette globalité n’existe pas, il n’y a que des histoires individuelles, des sensibilités intérieures qui traversent les événements.

Quelle est la filiation avec votre précédent spectacle Pourama Pourama ?

G. S. : Pourama Pourama était une quête d’identité qui est la mienne. Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète est une quête des identités. Tout le monde cherche sa place, sans jamais vraiment la trouver. Les témoins que j’ai rencontrés cherchent leur place littéralement parce qu’ils ont dû s’exiler dans des endroits dont ils ne maîtrisent pas la langue, mais il s’agit aussi d’une quête identitaire intime. Le texte est écrit à la première personne : je ne peux pas me mettre à leur place mais j’essaie de rendre leur récit sensible.

La dimension d’oratorio semble importante pour vous. À quoi renvoie-t-elle ?

G. S. : Depuis toujours, je travaille avec le musicien et compositeur Lucien Gaudion. Pour ce spectacle, j’ai vraiment voulu lui accorder une grande amplitude d’expression et de création pour donner encore plus de place à la musique. Nous avons travaillé les voix de manière musicale pour que les récits composent une symphonie. J’aime bien le mot « oratorio » qui renvoie au sacré et rejoint le titre.

Comment avez-vous travaillé avec les comédiens ?

G. S. : Ce texte brûle un peu les doigts, il s’agit de témoignages récents et souvent intenses de gens qui existent, qui ont le même âge que les comédiens. On n’aborde pas cela comme un classique. Pour un comédien, il faut déjà être à même d’accueillir ces récits avant de les transmettre. Cela a fait l’objet d’un important travail de préparation. J’ai la chance d’avoir des comédiens très bien formés, très sensibles et très disponibles. C’est fantastique de voir leur enthousiasme !

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète
du mercredi 11 juillet 2018 au lundi 16 juillet 2018


Les 11, 12, 14, 15, 16 juillet 2018 à 15h et 18h. Durée : 1h30.

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