« Le Pas du Monde », la nouvelle création du collectif XY
Le collectif XY entame en octobre la tournée [...]
Cirque - Critique / Rentrée circassienne octobre 2025
Dans la dernière création en date de sa compagnie Rasposo, Hourvari, Marie Molliens met le désordre dans son « cirque-théâtre ». Plutôt que de susciter la réflexion du spectateur sur la notion de liberté comme l’entend l’artiste, la confusion agitée qui s’empare de la piste débouche sur une défaite tant de la pensée que du rêve.
Dès l’entrée du spectateur dans son grand chapiteau, la compagnie Rasposo affirme haut et fort son désir de chahuter les habitudes du cirque. À peine franchie la porte de toile, un artiste enjoint à toute l’assemblée de patienter là, debout. Il ne tarde pas à sortir de sa veste un Guignol et d’entamer avec lui grâce à ses talents de ventriloquie un dialogue comme en ont tant d’autres marionnettistes avec leur pantin : l’un récuse le pouvoir que l’autre a sur lui, tandis que ce dernier tente de conserver ses prérogatives. Tout en cherchant à déstabiliser les repères du public, Hourvari expose ainsi d’emblée une partie de la réflexion qu’il prétend porter, sur la nécessité de la désobéissance et de la prise de risque. Ce mariage initial entre volonté de dérèglement de la mécanique circassienne et explication appuyée des actions scéniques se prolonge tout au long du spectacle, dont l’ambition subversive est ainsi vouée à l’échec. Revendiqué comme un principe esthétique et dramaturgique, le désordre qui constitue la principale caractéristique de la pièce pâtit des éléments de narration dont il est composé, et inversement. Le mélange de marionnette et d’acrobatie, la multiplication de figures plus ou moins reconnaissables et l’entrelacement de motifs de natures diverses paralysent la pensée au lieu de la mettre en ébullition.
Panique au cirque
La place particulière qu’occupe Rasposo dans le paysage actuel du cirque est pour beaucoup dans la cohabitation au sein d’Hourvari de matériaux et de logiques hétérogènes. Dirigée depuis 2013 par Marie Molliens, qui prenait alors la suite de ses parents et fondateurs de la compagnie, celle-ci fait partie de ces aventures circassiennes de plus en plus rares à se situer entre cirque traditionnel et cirque de création. Si à l’heure où ces deux types de cirque évoluent généralement dos à dos, la position réconciliatrice de Rasposo est à priori des plus riches, l’équilibre est délicat à trouver. Le choix de la marionnette comme l’un des axes centraux d’Hourvari révèle le malaise plutôt que d’offrir une solution pertinente. Le Guignol et les Pinocchio humanisés échouent à incarner l’union du cirque et du théâtre avec la force nécessaire pour poser avec profondeur la question de la manipulation et l’urgence d’y échapper. Censée faire contrepoint à la figure de Pinocchio, la présence de vrais enfants sur la piste n’est guère plus concluante. Elle relie Hourvari à la tradition des cirques de famille, sans parvenir à ouvrir de nouveaux espaces d’exploration circassiens. Mise de côté dans les créations précédentes de Rasposo, la performance de haute voltige est certainement la dimension la plus séduisante de ce spectacle décousu et fier de l’être. Elle n’échappe toutefois pas au poids que fait peser sur l’ensemble l’envie de faire conte, notamment dans l’optique d’échapper à la logique d’écriture par numéros qui n’a plus le vent en poupe mais qui continue de hanter les pistes.
Anaïs Heluin
Tel : 05 59 84 11 93.
Également du 19 au 21 octobre dans le cadre du festival Circa à Auch (32), du 7 au 11 novembre à L’Azimut à Antony (92), du 16 au 18 janvier 2026 au Carré Magique, PNC de Lannion (22), du 23 au 29 janvier au Théâtre de Cornouailles, Scène Nationale de Quimper (29)…
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