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Créé à Londres en octobre 2021, The Dante Project fait aujourd’hui son entrée au répertoire de l’Opéra national de Paris.
Adapter une œuvre telle que le poème de Dante représente un défi énorme, d’autant plus s’agissant d’un ballet. C’est peut-être l’une des raisons qui ont poussé le chorégraphe britannique Wayne McGregor à l’intituler The Dante Project plutôt que La Divine comédie. Pourtant, le ballet en trois actes suit exactement le découpage du chef-d’œuvre de la littérature italienne. L’Enfer, sous-titré par McGregor « le pèlerinage », suit le voyage de Dante dans les différents cercles infernaux. Cette étape se prêtant sans doute particulièrement à une inspiration chorégraphique, qu’il s’agisse des torsions des pleureurs ou des étreintes embrasées de Paolo et Francesca. Le Purgatoire dessine un espace plus serein, presque monastique, où le temps et la gestuelle s’étirent indéfiniment. Et Le Paradis nous propulse dans un monde plus abstrait et lumineux où les danseurs deviennent signes de vie. Mais le cœur de cette histoire reste l’amour de Dante pour Béatrice symbolisé par de célestes duos.
Une création d’ampleur
Au-delà du ballet, The Dante Project est un spectacle total, avec une scénographie somptueuse signée Tacita Dean, une partition exceptionnelle commandée pour l’occasion à Thomas Adès, et des éclairages superbes qui nimbent de leur clarté cette création d’ampleur. Chaque acte a sa propre atmosphère : glaciales montagnes dessinées à la craie amenées à devenir un paysage en constante évolution pour le premier acte, immense jacaranda sur fond urbain pour le Purgatoire, et simplicité de maillots académiques immaculés pour le Paradis tandis qu’une lumière blanche aspire les regards. La musique symphonique de Thomas Adès, qui sera dirigée par Gustavo Dudamel à l’Opéra de Paris, est une œuvre de grand format qui lui a demandé des années de travail. On notera au passage que la partition d’Adès utilise des voix de la synagogue Adès à Jérusalem dans le deuxième acte comme un clin d’œil spirituel – aux deux sens de ce terme. L’Opéra de Paris a eu la bonne idée d’être coproducteur de cette création faite pour une compagnie de son envergure.
Agnès Izrine
à 19h30, le 8 mai à 14h30. Tél. 08 92 89 90 90. Durée 2h45.
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