« Les Détonnantes » à la MC2 temps fort danse dédié à des femmes
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Café Müller, créé en 1978, est le chef-d’œuvre de Pina Bausch et fait désormais partie de l’histoire de la danse du XXe siècle. Une excellente raison de le voir ou de le (re)voir.
Pina Bausch est née à Solingen en 1940. Ses parents tenaient un restaurant et Pina enfant s’installait sous les tables : « Il y avait tant de gens et il s’y passait toujours tant de choses étranges. » dira-t-elle. Plus tard, en 1978, la chorégraphe en fera un spectacle, Café Müller, chef-d’œuvre fondateur du Tanztheater Wuppertal. Apparition bouleversante : elle entre et se cogne aux chaises, les yeux clos, fragile comme une ombre, venue d’on ne sait où. Ne croit-on pas que la porte tambour vitrée ouvre sur un autre monde ? Elle, c’est Pina Bausch. Aujourd’hui, d’anciens et de nouveaux membres de la compagnie la portent en partage, mais l’âme de la chorégraphe rôde encore dans cette salle esseulée. Cela paraît incroyable de pouvoir revoir ce chef-d’œuvre, de revivre ce moment intense où s’affrontent les forces de vie et de mort entremêlées. De voir tracer une danse que l’on croyait pourtant disparue avec elle. C’est une pièce unique. Historique, certes, mais surtout qui a capté l’empreinte du sensible de la chorégraphe et c’est inestimable.
Une danse plus humaine
Café Müller reste une pièce originelle qui signe la recherche d’une autre danse entreprise par Pina Bausch. Cette autre chose, qui pour l’instant n’a pas de nom dans aucune langue, s’appellera Tanztheater – Théâtre de la danse. Peut-être parce que ce n’est pas la danse telle qu’on l’entendait jusque-là et encore moins du théâtre. Ce n’est pas de la danse car les danseurs qu’elle met en scène n’exécutent pas une danse. Ils sont là, dans toute leur intensité d’individus. C’est aussi pourquoi ce n’est pas du théâtre : ils ne jouent pas un rôle, ne sont pas des personnages, mais des personnes. L’univers qu’elle convoque dans Café Müller et va peaufiner de pièce en pièce, évoque un instant entre jour et sommeil, un espace de réminiscences fait de textures, de bruits, d’odeurs où le temps qui passe n’est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Ses bras tendus à l’aveugle et les deux « tubes » d’Henry Purcell que sont les deux arias de femme de Didon et Enée et The Fairy Queen, vont pour longtemps hanter la danse contemporaine française !
Agnès Izrine
relâche le 9. Tous les jours à 19 et 21h. Tél. : 01 40 03 75 75.
Durée : 45 mn.
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