Entrée au répertoire de Balanchine avec 2 créations « Ballet Impérial – Who Cares ? »
Critique
Opéra de Paris / Chor. Balanchine
Publié le 26 février 2023
Avec deux entrées au répertoire, Ballet Impérial et Who Cares ? de George Balanchine, le Ballet de l’Opéra de Paris esquisse un portrait du célèbre chorégraphe russo-états-unien, précurseur du néo-classique qui nous fait voyager d’Est en Ouest. Un grand écart entre classicisme guindé et déhanché façon comédie musicale.
Grand fond de scène azur, danseuses en tutus plateaux blancs et diadèmes rutilants. Bien alignés sur la scène de l’Opéra de Paris, les débuts de ce Ballet Impérial sont quasiment une image d’Épinal de la danse classique, avec une saveur russe. En 1941, Balanchine composait ce ballet pour l’American Ballet Caravan à Rio sur un concerto de Tchaïkovsky qui n’est pas pensé pour de la danse. Une pièce formelle, virtuose, qui demande une dextérité sur pointe, exécutée ici sans heurts, enchaînant piqués fouettées, développés pliés et déboulés. Se dessinent sur le plateau des lignes, des formes géométriques bien symétriques, ou parfois de grands cercles aux allures de corolles, qui se déplacent en grands manèges, où les danseurs altiers en tuniques princières bleues déploient leurs grands jetés. On en tire un plaisir formel, qui témoigne aussi de l’héritage de Petipa, inspiration majeure de Balanchine, qu’il mène vers la modernité. Ce Ballet Impérial pourrait être un fantasme de la danse classique, féérie qui paraît aujourd’hui bien rigide et poussiéreuse.
Folie new-yorkaise
L’ambiance change du tout au tout avec Who Cares ?, sur le Song book de Gershwin, qui nous propulse à Broadway dans les Années Folles. En jupettes roses, mauves ou en pantalon et gilet rouge, les interprètes nous emportent dans la frénésie swing de cette pièce créée en 1970 pour le New York City Ballet. Devant un sommaire décor de gratte-ciels, on se croirait aux bras de Ginger Rogers et Fred Astaire. Dans cette carte postale d’un New York révolu, les étoiles Valentine Colasante, Léonore Baulac et Germain Louvet et la première danseuse Hannah O’Neill ont sorti leurs meilleurs déhanchés. Ils sautillent, virevoltent, ondulent avec une décontraction (toute proportion gardée) qui contraste avec l’ambiance guindée de la pièce précédente. Si les énergies et les imaginaires sont bien éloignés, des liens se tissent entre ces deux parties, qui évoquent deux facettes de Balanchine. Les alternances entre solo, pas de deux, trio et ensembles qui structurent ces deux pièces leur confèrent un dynamisme grisant, qui contraste avec les images surannées (bien qu’assez plaisantes), qu’elles charrient.
Belinda Mathieu
A propos de l'événement
« Ballet Impérial - Who Cares ? »du lundi 6 février 2023 au vendredi 10 mars 2023
Palais Garnier
Place de l'Opéra, 75009 Paris
à 20h. Le dimanche à 16h. Relâche les 7, 11, 12, 14, 17, du 19 au 25, et le 27 février.www.operadeparis.fr
Tél : 01 71 25 24 23. Durée : 1h45 avec entracte.