Histoires sans histoire(s) Chorégraphie de P. Jacobsson et Thomas Caley

Sounddance, Fabrications ou encore Rainforest, le Ballet de Lorraine excelle dans le répertoire de Merce Cunningham. Pour lui rendre hommage Petter Jacobsson et Thomas Caley, ses deux directeurs, associent au concentré d’énergie pure qu’est la première et à la variation sur l’aléatoire qu’est la seconde une pièce tout spécialement créée pour célébrer le centenaire du maître américain, For Four Walls. Imaginée « comme une réfraction en lien avec son histoire et [leur] histoire avec Merce », elle prend racine dans une œuvre de jeunesse oubliée du couple Cunningham-Cage, Four Walls, dont il ne reste que peu de traces si ce n’est sa musique pour piano seul annonçant l’art répétitif de Philip Glass ou Steve Reich.

Création en miroir

Un piano justement se tient sur le plateau, puisque Vanessa Wagner joue brillamment en direct la partition tout en contrastes de John Cage. Deux miroirs qui se rejoignent en angle droit en fond de scène sculptent l’espace, formidable dispositif qui non seulement démultiplie la silhouette des vingt-quatre danseurs mais aussi les happe ou les montre alors qu’ils sont hors scène, jouant de la présence et de l’absence, troublant la perception. Tout en variations elle aussi, l’impeccable composition du duo Jacobsson-Caley navigue de la pureté géométrique à l’opulent foisonnement. Associés à une gestuelle élégante et claire, tous ces éléments font de For Four Walls une œuvre jubilatoire et de ces Histoires sans histoire(s) une soirée à ne pas manquer.

Delphine Baffour