Helen K. d’Elsa Imbert, un spectacle inspirant et touchant

Comment une petite fille devenue soudainement sourde et aveugle suite à une fièvre cérébrale a-t-elle pu s’extraire du néant où elle était enfermée et devenir diplômée d’université, écrivaine, conférencière et militante politique ? Rendu célèbre par le très beau film d’Arthur Penn Miracle en Alabama, lui-même inspiré par l’autobiographie d’Helen Keller (1880-1968), le parcours stupéfiant de l’Américaine est ici retracé par l’autrice et metteure en scène Elsa Imbert, qui s’est fondé sur des documents réels – l’autobiographie d’Helen Keller, des lettres, témoignages, photographies et extraits vidéo –, afin d’éclairer la relation qui a permis la résilience de la petite fille.

De l’enfermement à l’ouverture au monde

C’est en effet grâce à l’obstination d’une jeune éducatrice, Annie Mansfield Sullivan, qui elle aussi a connu la cécité, qu’Helen se métamorphose. Noémie Pasteger interprète avec énergie et conviction la mère de la petite fille puis principalement Annie, tandis que la danseuse Marion Lucas, impressionnante, interprète Helen, stupéfiante petite fille qu’Annie est parvenue peu à peu à extirper de son « no-world », en faisant éclore son intelligence en même temps que sa capacité à communiquer. La mise en scène fluide, impeccablement rythmée et structurée, met l’accent sur la rencontre et le chemin parcouru par Helen et Annie, semé d’obstacles. Stéphane Piveteau interprète le père et retrace certaines étapes du parcours de la stupéfiante Helen. La pièce cisèle une ode délicate et limpide à la volonté qui transcende les difficultés et repousse les limites, ainsi qu’au langage qui réinvente le rapport au monde et aux autres.

Agnès Santi