Une scène phare du Grand Paris
Directrice exigeante et passionnée, Françoise [...]
Focus -258-Les Gémeaux, Scène Nationale.
Lambert Wilson à l’interprétation, Bruno Fontaine à la direction musicale, Christian Schiaretti à la mise en scène font renaître Montand, citoyen poétique et attentif à son siècle.
Comment ce spectacle est-il né ?
Christian Schiaretti : Du tissage de trois individualités, sublimées par une quatrième, autour d’un tour de chant. D’abord Montand, fils d’un immigré antifasciste italien, qui concrétise le rêve du père en réalisant son rêve américain. Après le refus de son visa pour les Etats-Unis, Giovanni Livi, contraint à demeurer en France, affirmait que le premier acte révolutionnaire consistait pour lui à manier la langue française et à aller aux cours du soir. Le deuxième fil du tissage, c’est Lambert lui-même, évidemment le fils de Georges, figure avec laquelle on ne peut que dialoguer au TNP, théâtre au répertoire patrimonial à la quintessence populaire. Le troisième fil, c’est moi, le metteur en scène, fils d’immigré italien conduit à la notoriété : il n’est pas très difficile de comprendre en quoi tout cela me parle… Et ce qui réunit ces trois fils, c’est le TNP lui-même : quand Vilar, nommé son directeur, s’installe dans son « bastion dramatique » de Suresnes, il monte Mère Courage pendant que Montand y donne un récital.
« Trois individualités, sublimées par une quatrième, autour d’un tour de chant. »
Comment avez-vous agencé le spectacle ?
C. S. : Essentiellement autour des textes de Jorge Semprún qui, dans Montand, la vie continue, retrace cet itinéraire d’un petit immigré, de l’émancipation prolétaire au rêve américain, en passant par des rencontres, notamment avec les femmes. Comment un gosse d’immigré devient un des plus beaux représentants de la langue française sur scène : voilà ce que porte Semprún et que nous avons remodelé autour d’un tour de chant. Le travail de Lambert est exemplaire. Bruno Fontaine, dont l’intelligence musicale et littéraire est très forte et très subtile, a tout passé au prisme de ses arrangements et du travail renouvelé de l’instrumentarium, qui redonne une lecture aux chansons, en des variations absolument délectantes ! Nous avons élaboré ce spectacle dans le contact avec le public, et Lambert s’y engage en athlète. Il donne corps à cette appartenance commune, à cette émotion supérieure complexe qui nous appartient, faite d’échos inconscients, dans laquelle la langue trouve son mystère.
Propos recueillis par Catherine Robert
Tél : 01 46 61 36 67.
Site : www.lesgemeaux.com
Directrice exigeante et passionnée, Françoise [...]