Pas assez suédois ! de Petter Jacobsson

« Nous avons imaginé ce programme à l’occasion du centenaire de la grande aventure des Ballets Suédois qui ne dura que cinq ans de 1920 à 1925. À l’époque, était-ce très suédois ? Beaucoup d’artistes français de premier plan y collaboraient. De plus, que peut signifier représenter une nation, une nationalité ? Nous avons donné à plusieurs créateurs carte blanche pour piocher dans ce répertoire et s’en inspirer de façon très libre, afin d’acclimater cette avant-garde du passé à leurs esthétiques.

Un geste révolutionnaire

Volmir Cordeiro a choisi L’Homme et son désir, créé à Rio de Janeiro sur une musique très « jungle » de Darius Milhaud. Latifâa Labissi a sélectionné la scène des Ecolières dans Le Marchand d’Oiseaux, et Dominique Brun, qui travaille en historienne, a choisi La Nuit de la Saint-Jean, une pièce plutôt folklorique. Thomas Caley et moi nous sommes attaqués à Ciné-Sketch, cette énigme dont il ne reste qu’un texte de Picabia, ainsi qu’une photo de Man Ray, pastiche d’Adam et Eve de Lucas Cranach où figurent Bronia Perlmutter et Marcel Duchamp. La création n’a duré que quatre jours, c’était un geste artistique pour le 31 décembre 1924. Ce qui nous a interpellé est cette phrase de Picabia : « jusqu’à présent le cinéma s’est inspiré du théâtre, j’ai essayé de faire le contraire en apportant à la scène la méthode et le rythme vivant du cinéma. »

Propos recueillis par Agnès Izrine