Marianne Piketty à « L’Heure bleue », avec le Concert Idéal

Qu’est-ce qui rend certaines mélodies aussi entêtantes ? C’est souvent leur capacité à se colorer d’une infinité de nuances, et c’est cette expérience que propose Marianne Piketty avec un nouveau programme, intitulé « L’Heure bleue », récemment enregistré pour le label Evidence à l’Abbaye de Noirlac. Le point de départ en est l’œuvre d’Hildegarde von Bingen, mystique chrétienne du xii^e siècle, et plus particulièrement trois de ses hymnes, inspirés par ses propres visions, qui dans la transcription pour cordes d’Olivier Fourès déploient toute leur puissance mélodique. À partir de ces passages saisissants, Marianne Piketty a élaboré un programme où, de réminiscences en réminiscences, les mélodies se retrouvent métamorphosées, réinterprétées, mêlées à d’autres phrases musicales envoûtantes : dans le Concerto funèbre (1939) de Karl Amadeus Hartmann – un chef-d’œuvre que trop peu de violonistes ont à leur répertoire –, dans la commande passée à Philippe Hersant (Une vision d’Hildegarde) ou dans deux pièces de jeunesse de Chostakovitch.

Mise en lumière et émotions

Comme pour toutes les productions du Concert Idéal, la mise en lumière et en espace intensifie encore le pouvoir émotionnel des œuvres jouées. C’est le cas également pour les « Impressions vénitiennes », nouveau programme qui explore la mosaïque esthétique de la Venise baroque, autour de Vivaldi et ses aînés (Francesco Turini, Barbara Strozzi, Marc’Antonio Ziani).

Jean-Guillaume Lebrun